jeudi 22 octobre 2009

Entre la massue et la bigorne

Il n'a même pas eu le temps de suivre les réquisitoires du ministère public dans l'affaire Clearstream, plus une page de libre dans son agenda. Apprendre aux Afghans comment se comporter après une fraude électorale massive et ne pas reculer devant des Iraniens qui veulent exclure la France des négociations à Vienne font que Bernard Kouchner doit maîtriser l'art de l'équilibre et du jonglage.

Le patron du Quai d'Orsay aura ainsi juste le temps de savourer un thé à la menthe dans la zone verte à Kaboul.

Au terme de son «show démocratique», aux côtés de John Kerry, président de la commission des affaires étrangères du Sénat américain, le candidat sortant Hamid Karzaï a accepté l'idée d'un deuxième tour, prévu le
7 novembre. Vive la démocratie à l'afghane qui, à défaut de former un gouvernement d'union nationale sous l'égide de la coalition, se résigne à organiser un second tour.

Super favori face à Abdullah Abdullah, son ancien chef de la diplomatie qui a cessé de parler d'alliance contre-nature, le président Karzaï aurait-il approuvé ce retour forcé au bureau de vote de sa circonscription si son homologue US n'avait pas subitement «amarré» sa décision d'envoi de troupes supplémentaires à la légitimité du nouveau gouvernement afghan ?

Difficile de croire au contraire, le fidèle des fidèles s'est vu déjà réinvestir le bureau de la présidence afghane, traînant des sacs de faux bulletins de vote. Après tout, il aurait facilité la prise de décision à Washington, alors qu'à Londres Gordon Brown n'a pas attendu l'issue du processus électoral pour envoyer 500 soldats en renfort.

Tant mieux qu'un allié fasse cet effort quand l'Australie déclare ne pas vouloir rester en Afghanistan plus que nécessaire et que la diplomatie française fasse le forcing auprès des autorités de Kaboul à défaut de larguer des parachutistes sur le front.

Qu'il pleuve ou qu'il neige, Barack Obama doit choisir entre maintenir le nombre des forces engagées, comme le souhaite Joe Biden, parachuter 40 000 hommes supplémentaires, selon les estimations du général Stanley McChrystal.

Ou se contenter de l'envoi de 10 000 à 15 000 soldats avec l'option d'un renforcement de la coopération militaire avec Islamabad. Ce scénario serait le mieux adapté du fait que l'armée pakistanaise est en train de ratisser large dans le Sud-Wazaristan où les talibans pakistanais se sont retranchés depuis le début de l'offensive.

L'Otan acceptera-t-elle de fermer la frontière afghane pour permettre à son allié pakistanais de mater les résistants islamistes armés sans que ceux-là puissent s'échapper ?

La réponse est cruciale du fait qu'elle déterminera si les troupes de l'Otan sont suffisantes pour venir à bout de sa double mission Al-Qaïda-talibans et si Washington est apte à une étroite collaboration avec Islamabad sans aller jusqu'à s'ingérer dans ses affaires internes.

Le temps presse pour l'Amérique d'Obama qui, en plus de son choix stratégique déterminant en Afghanistan, elle risque de se séparer de Bernard Kouchner à Vienne, les Iraniens veulent écarter leur nouvelle bête noire (Nicolas Sarkozy) et discuter directement avec Washington et Moscou.

Par Anis Djaad

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