Dans la salle d’audience de la cour d’Alger, les juges, le procureur général et les avocats étaient tout de noir vêtus. Les prévenus, les témoins, la «victime», eux sont comme le...service d’ordre, vêtus du bleu de la Dgsn...
En attendant le prononcé du verdict le 28 octobre 2009 par le trio de la première chambre correctionnelle d’Alger qui avait entendu, jeudi et samedi derniers douze prévenus dont Merzak Dridi, l’ex-patron de l’Ecole supérieure de police, ce dernier n’a pas cessé de crier au complot et aux menaces de mort à son encontre et à une tentative de rapt de ses enfants. Ils étaient en face de Amar Beltcharchi, Fatiha Djaziri et Zahia Gazem pour avoir, pour les uns usé de faux, violé le cahier des charges et surtout pour d’autres, abus d’autorité, de rajout de points lors de la correction des épreuves du concours pour l’admission au grade de commissaire principal.
Outre Dridi, il y avait aussi Corso, Amrar, Boudraâ, Guettaf, Haddadi, Ziane, Hanane, Sansar, Ouaheb, et Ahmar El Aïn, que le procureur général avait épargné pour son rôle insignifiant dans l’affaire et Zibouchi, le correcteur qui avait ajouté deux points et demi à un candidat non poursuivi dans ce dossier qui aura permis aux magistrats de passer près de vingt heures en deux jours, juste pour avoir une idée précise sur des faits que la vingtaine d’avocats avaient estimés comme étant des faits «punissables» d’une manière interne et administrativement. Les incidents? Il y en a eu.
Maître Samir Fréha, par exemple, s’est accroché avec le président qui avait oublié de déclarer au tout début, que les trois juges allaient s’en tenir au seul cahier des charges. Et lorsque Dridi avait demandé à développer des faits graves avant d’entrer dans le fond, c’est le niet du président qui verra Maître Nabil Benhabilès perdre patience tout en restant correct, si correct que Belkharchi reçut une «décharge psychologique» en posant à l’avocat cette question...«Y a un problème?»
Le jeune défenseur réussit à surmonter son étouffement devant tant d’entêtement depuis le début de cette affaire et ce sera Maître Ablaoui qui allai refroidir cette atmosphère électrique alors que Maître Bouchina, Maître Bouchachi, Maître Fréha, Maître Bouninèche, Maître Ramdani et Maître Siad-Djellad étaient prêts à bondir pour crever l’abcès...Il est bon aussi de rappeler que la bombe avait éclaté à la suite d’une lettre anonyme autour de «coups de pouce» au bénéfice de candidats au grade de commissaire principal. Puis l’action publique démarra pour ne s’arrêter que devant le tribunal correctionnel de Sidi M’hamed qui a condamné et relaxé.
Et en appel, tout allait tourner autour de Dridi qui, à un moment donné, n’en pouvait plus de crier à son innocence et au complot organisé. «J’ai organisé plus de 80 concours et examens. Je n’ai jamais eu de pépins. Il m’était arrivé d’être "grondé" pour de petits problèmes d’organisation, mais jamais pour avoir triché. Ce n’est pas dans mon éducation, ni ma civilisation», s’était-il lamenté. Et tous les débats entrecoupés de pauses d’incidents, de suspensions courtes d’audience, étaient dirigés de main d’acier par cet inflexible Belkharchi, le président qui a refusé que l’on chevauche la ligne continue: la violation du cahier des charges.
Toutes les plaidoiries ont tourné surtout autour des nombreuses irrégularités, plusieurs zones sombres, plusieurs interrogations, de nombreuses anomalies relevées dans l’affaire, une affaire de fonctionnaires vêtus de bleu qui étaient scandalisés de voir l’enquête confiée à des fonctionnaires à l’uniforme bleu et ayant remis l’expertise aux policiers habillés de bleu! Seul contre tous, Moussa (sans le bâton) aura passé quarante-deux minutes, une scie en main, à tenter de trancher le faux son usage et l’abus d’autorité.
C’est pourquoi, il avait requis des peines de prison allant de huit à trois ans, en passant par cinq et même une...relaxe! Dépités, certains avocats n’avaient pu qualifier ce procès tant l’évidence fait que ce dossier ne valait pas de temps perdu, d’incarcération. «Nous connaissons Belkharchi!» confie une avocate. «S’il se concertait avec ses deux conseillères, il est capable d’être juste et correct.» Amine! Maître, mais nous en avons vu d’autres et sans Belkharchi!
Abdellatif TOUALBIA
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire