samedi 31 octobre 2009

Mémoire!

Cinquante-cinq années! Tel est l’âge de la Révolution. Age, on ne peut mieux, celui de la maturité. C’est évident, mais, que savent, en fait, les Algériens sur un soulèvement national qui a bouleversé la donne géopolitique africaine tout en signant la fin de l’empire colonial français? Peu, très peu, en réalité, sinon des bribes ici et là qui n’ont pas toujours restitué la vérité d’une Révolution qui a changé la perception même qui a été celle de la décolonisation. En fait, la guerre d’Algérie avait sonné le glas de l’ancien monde bâti sur les empires britannique et français, notamment.

C’est la guerre d’Algérie qui amena le Conseil de sécurité des Nations unies à adopter une résolution (1415 du 6 juin 1961 (XV) sur le droit des peuples coloniaux à l’autodétermination et à l’indépendance) qui changea la face de la géographie mondiale et ouvert la voie au libre arbitre à tous les peuples ployant sous le joug de la domination coloniale. La Révolution algérienne a donc dépassé les frontières du territoire algérien pour devenir le symbole de la lutte des peuples du monde épris de paix et de liberté.

Mais que connaissons-nous de la préparation de cette Révolution, des hommes qui l’ont initiée, des héros qui se sont sacrifiés pour que les Algériens vivent libres? Rien, ou si peu. La génération postindépendance - et plus singulièrement les jeunes d’une manière générale - ignore en fait beaucoup de choses de (et autour de) cette insurrection armée soustraite à la connaissance des citoyens depuis l’Indépendance.

C’est en fait le peuple algérien dans son ensemble qui a été ainsi sevré de sa mémoire collective par une écriture sélective de l’histoire qui ne donna pas aux Algériens de connaître les vérités de leur glorieuse Révolution, confisquée qu’elle a été pour des desseins autres que ceux auxquels aspiraient les leaders qui déclenchèrent l’insurrection générale alors que le peuple était tenu dans l’ignorance d’un processus qui donna naissance au FLN et à l’ALN qui, à l’évidence, ne sont pas tombés du néant.

Le FLN est en fait, l’héritier d’une longue marche entamée par la Résistance algérienne, dès les premiers jours de l’occupation coloniale en juillet 1830 par des rébellions et des insurrections récurrentes tout au long des 132 années de présence française. Des hommes, dès le début du XXe siècle, éveillèrent la conscience nationale et s’opposèrent frontalement à l’oppression coloniale. Qui sont ces hommes, leurs actions et leur parcours révolutionnaire qui ont ouvert la voie à la Révolution du 1er Novembre 1954? Peu d’Algériens en fait le savent, certains ne sont même jamais parvenus à leur connaissance, alors qu’ils ont été le socle du militantisme et du nationalisme algériens.

Les peuples en armes? Y a-t-il eu dans le monde une révolution anonyme? Certes non! Les révolutions américaine et française - les plus fameuses des temps historiques des XVIIe et XVIIIe siècles - ont été guidées par des hommes dont les noms, vénérés ou abhorrés, sont de la même manière consignés dans les manuels scolaires et dans les livres d’histoire, témoignant à jamais de tout ce qu’ils ont fait ou pu faire pour leur patrie.

Au moment où nous célébrons le cinquante-cinquième anniversaire de la Révolution de Novembre 1954 qui, réellement, connaît les hommes qui ont mené et porté la Révolution? Eux dont le message du Premier Novembre au peuple algérien a été de lui dire «Vous qui êtes appelés à nous juger...» sont demeurés anonymes sans que l’Algérie leur rende l’hommage qui leur était dû.

C’est la Révolution qui a été ainsi mutilée. C’est en fait cette méconnaissance de l’Histoire récente et antérieure de l’Algérie qui a annihilé la mémoire des citoyens dont nombreux ne se reconnaissent pas dans leur algérianité, cherchant dans l’ailleurs leur accomplissement.

N. KRIM

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