samedi 31 octobre 2009

Les petites affaires françaises

Pour désigner le premier secrétaire de leur parti, les socialistes français, pourtant très donneurs de leçons sur la rectitude morale, n'ont pas vraiment été un exemple de vertu.

Un vote trituré, des accusations à n'en plus finir entre les deux camps, des menaces d'investir la rue et de recourir à la justice, jamais élection en France n'aura été aussi agitée et jamais elle n'aura tardé à ce point pour livrer son verdict.

Dans la foulée, l'une de ses figures emblématiques, Julien Dray, venait d'être éclaboussée par une affaire de détournement dans les caisses de SOS racisme et une autre association alors que son train de vie avait suscité des interrogations des années durant.

L'affaire n'est pas terminée. A droite, c'est Clearstream qui a alimenté la chronique politico-judiciaires et va sans doute continuer à l'alimenter jusqu'au verdict.

L'aboutissement de ce procès ne sera certainement pas une banale formalité. L'affaire concerne tout de même un ancien chef du gouvernement, ministre des affaires étrangères au moment des faits et un ministre de l'intérieur devenu président de la république.

Et non seulement ils étaient rivaux quand «la chose» est arrivée, mais l'histoire pourrait très bien se répéter à la prochaine présidentielle si, toutefois, Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin s'en sortent avec un minimum de dégâts, ce qui est vraisemblable.

Pour des raisons évidentes, les deux hommes ne vont pas se présenter à ce «match retour» à armes égales et Clearstream y sera bien évidemment pour quelque chose.

Dernière affaire en date, la justice française connaît un moment historique avec le renvoi de Jacques Chirac en correctionnelle, décision sans précédent pour un ancien chef de l'Etat depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Dans toute l'histoire du pays, deux chefs d'Etat seulement sont passés en jugement, Philippe Pétain pour sa collaboration avec l'Allemagne nazie et Louis XVI sous la Révolution.

La décision de renvoyer Jacques Chirac en correctionnelle pour «abus de confiance et détournement de fonds publics», qui vise une affaire relative à ses mandats de maire de Paris (1977-1995), retient contre lui 21 emplois présumés fictifs à son cabinet entre 1992 et 1995, selon des sources judiciaires largement relayées par la presse française.

Grand paradoxe, cette histoire ressurgit alors que l'ancien président de la république n'a jamais été aussi populaire. Heureux de la sympathie que lui témoignent ses compatriotes, mais lucide, il affirmait récemment qu'il comprenait qu'on apprécie mieux les hommes politiques quand ils sont loin des affaires du pays.

Le problème c’est qu'il n'est même pas évident que les français continuent à garder de lui cette image de grand-père tranquille qui veut se rendre utile là où son nouveau statut le permet. Les petites affaires bien à la française rattrapent un peu trop de monde et en même temps.

Slimane Laouari

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