samedi 31 octobre 2009

La haine? C’est... auto-idiot

Il y a une catégorie de voleurs que n’aiment ni les magistrats, ni les victimes, ni les curieux, ni même les... avocats, même les leurs. Et ça c’est... criminel, car l’autoflagellation, c’est illicite.

Ibrahim M. est un voleur d’autoradios dont il a voulu en faire sa spécialité. Le comble, c’est lorsque ce prévenu était à la barre pour répondre de ses actes, cinq automobilistes résidant à la Cité El Amal du plateau des Annassers, Kouba, déposaient plainte pour destruction de biens d’autrui (vitres) suivie de vol d’autoradios, entre autres... Mais il y a cet article 350 qui évoque ce maudit délit de vol. Une catastrophe pour les inculpés et une bouée pour les juges. Devant Selma Bedri, ce jeudi en superforme, l’intransigeante présidente du pénal, le défenseur d’Ibrahim M., Maître Djamel Fodil, a dû s’inspirer très tôt pour trouver la parade à l’inculpation. Il avait les moyens de sa plaidoirie, comme toujours dans ces dossiers.

En effet, la particularité du vol du poste radio réside dans le fait qu’il a été revendu à un voisin, lequel l’ayant reconnu, l’a restitué à son propriétaire qui, magnanime, s’est réconcilié avec le jeune malfaiteur. Réconcilier! C’est le verbe dont se «saisira» Maître Fodil pour bâtir sa plaidoirie. Il dit avec force conviction: «Puisque le président de la République est engagé dans la voie de la réconciliation, le tribunal ne peut que prendre en considération la réconciliation des voisins - prévenu - receleur et victime», récite le visage, éclairé d’un minisourire l’avocat, qui prend la précaution avec beaucoup d’élégance dans la gestuelle et dans l’énoncé du verbe allant dans le sens de l’opportunité des poursuites, arme absolue de tout représentant du ministère public ou encore un adjoint du procureur de préciser que même si l’action publique court toujours, le président a l’autorité nécessaire pour accorder le sursis à son client, et de vite préciser: «Il s’agit, évidemment, Mme la présidente, du président de l’audience pénal.»

Bedri montre sa belle dentition blanche. Et ici, ce n’est pas au juge qu’on peut la jouer. Elle va d’abord savonner l’inculpé. Puis elle rendra hommage au receleur qui a eu un réflexe de civisme avant de tonner: «Je me demande si vous auriez restitué le machin volé si vous n’aviez pas reconnu le véritable propriétaire... hum... hum...», balance, ravie les yeux grands ouverts, la présidente qui ne perd pas de temps. Elle est même ravie car elle vient de constater qu’Ibrahim est dans un état lamentable, lui qui a tant chapardé mais qui s’est fait prendre pour la première fois de sa vie. Il donne l’impression d’attendre le verdict. Il ne cesse de regarder en direction de la représentante du ministère public comme pour la prier de ne pas effectuer de fortes et catastrophiques demandes.

Juste après que Nadia Belkacem, la procureure eut requit deux ans de prison ferme, l’inculpé resta cinq secondes interdit comme s’il venait de recevoir un coup de poing au bas de la nuque. La victime eut, à ce moment quelque chose de particulier dans le regard. Elle avait presque envie de crier: «Vive le parquet!» «Vive le ministère public et vive l’opportunité des poursuites!» Mais elle ne connaissait rien de ces concepts propres à la justice. L’avocat Fodil attendait la sentence. Mais Bedri ne se précipite pas. Elle laisse l’énoncé du verdict en fin d’audience.

Deux heures et demie plus tard, elle revient, les yeux rouges après dix heures de siège, d’examen de dossiers et de conscience. Ibrahim M. est condamné à six mois ferme. Nous étions loin des deux ans! Et Maître Fodil Djamel de pavoiser... car il a vite réalisé que le verdict était un bon cadeau du... 1er-Novembre! Quant à la jeune juge Selma Bedri, elle donne la nette impression de vouloir avancer dans ses exercices hebdomadaires, des exercices qui font qu’elle prend toujours un malin plaisir à entrer dans la salle d’audience avec des leçons bien apprises, la veille de l’audience.

Abdellatif TOUALBIA

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