Un double attentat, hier matin à Baghdad, vient rappeler une bien triste réalité et en même temps infliger le plus cinglant démenti au discours officiel. L’Irak vit dans la terreur depuis 2003, date à laquelle il a été envahi par l’armée américaine. Quant au discours officiel – surtout depuis le retrait encore partiel des troupes américaines et la prise en charge de la sécurité par la nouvelle armée irakienne – tout va bien, sinon que la situation est en nette amélioration. Et cela laisse franchement dubitatif.
Tout d’abord un constat : depuis qu’on parle de retrait militaire américain des villes irakiennes, en attendant leur départ prévu en 2010, on n’évoque plus ou si peu la guerre en Irak comme si elle avait cessé. Ensuite, il faut bien en convenir, par rapport à quoi, puisque l’Irak est devenu le pays de toutes les guerres.
Depuis ces dernières années, il s’est installé dans la violence de la pire manière, celle qui conduit droit vers le chaos, celle-ci ayant pris un caractère confessionnel, envoyant la mosaïque irakienne à de l’histoire ancienne. Celle que l’on évoque avec beaucoup d’amertume. Plus question de coexistence des communautés, c’est le repli sur soi, avec des entités ethniquement homogènes.
Et même là, constate-t-on, les communautés sont elles-mêmes divisées, voire s’opposent par les armes pour des raisons politiques. Pour le pouvoir, pour être plus précis. Par un malheureux raccourci, certains se laissent aller à dire que tout le monde se bat contre tout le monde. L’Irak ne sera plus l’Irak d’il y a quelques années. Pour être quoi au juste ? La question donne froid dans le dos.
Une réalité qui fait peur à beaucoup d’Irakiens, convaincus que leur pays est menacé de partition. Ce qui donne alors peu de crédit aux accusations des autorités visant aussi bien des groupes que la Syrie voisine. Et puisqu’il faut bien respecter les échéances, l’on parle malgré tout des prochaines élections prévues normalement pour le 16 janvier.
Et là, l’enjeu n’a pas échappé aux différents leaders qui ont passé en revue des semaines durant, sinon des mois les différentes manières d’accéder ou de conserver le pouvoir, alors même que le pays ne dispose pas encore de loi électorale. Il y a aussi des questions devenues récurrentes depuis la chute de l’ancien régime de Saddam Hussein, mais qui sont liées entre elles. Comme celle qui concerne l’avenir des régions.
Là, il s’agit de la ville de Kirkouk. Le Parlement a échoué à trouver un accord sur le projet de loi électorale en raison de l’âpre bataille entre Arabes et Kurdes pour le contrôle de cette région.
Pour quelle raison puisque, se plaît-on à rappeler, cette région est riche en pétrole, tout comme la partie méridionale de l’Irak, mais qui n’a pas les problèmes démographiques du nord. Pétrole, territoire et pouvoir suscitent ou entretiennent les divergences et même l’affrontement entre Irakiens. Ce sont les guerres de l’Irak.
Par T. Hocine
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