lundi 26 octobre 2009

Collant, l’ex-époux

Saâd O. divorce en 2006. Depuis, l’ex-épouse ne veut plus de lui à la maison de... maman.

Un balèze brun de un mètre quatre-vingt-deux centimètres sort du box accompagné du solide brigadier du tribunal de Bir Mourad Raïs (cour d’Alger). Il traîne à la cheville un chapelet d’inculpations et la victime n’est autre que l’ex-épouse, mère de trois fillettes.
La rancoeur est au rendez-vous. Magnanime, Saloua Derbouchi, la présidente de la section correctionnelle de Bir Mourad Raïs (cour d’Alger) va prendre son temps et écouter toutes les parties. Elle va même prendre du temps lorsque les deux antagonistes vont se lancer des «gerbes» d’accusation.

Des rires vont même fuser au milieu de ce véritable drame que vivent quotidiennement les couples qui ont explosé. Evidemment, dans ce lot de mots et de maux, les enfants ont été évoqués et de quelle manière, SVP. Affreux! insupportable! exécrable! Dans tous les couples et c’est connu, il y a du bruit, des scènes, des cris, des exclamations mais quel calvaire que celui vécu par cette Zina, une femme de ménage qui se lève à l’aube, sort gagner de l’argent que gaspille Saâd O. après avoir rossé madame, eng...ses petites filles! Il est allé jusqu’à balancer des morceaux de carrelage.

«Vous maintenez que tout ce que raconte la mère de vos enfants est faux. Que pensez-vous du certificat médical? Le médecin est aussi un menteur?», reprend de pleine volée Ouamara, le représentant du ministère public, qui va se marrer drôlement lorsque le détenu avait presque larmoyé en insistant auprès de la juge ainsi: «Madame la présidente, depuis le divorce et cela fait deux longues années, elle tente de me mettre dehors, alors que je n’ai pas où aller».

«Cela a fait rire» somme Derbouchi à deux reprises et à la troisième, elle l’a sommé de se taire: «Nous sommes ici pour les coups, les insultes et la maltraitance», tranche-t-elle avant que l’ex-épouse ne s’écrie dans une salle silencieuse: «Allez jeter un coup d’oeil sur la main courante du commissariat du coin. Coups, blessures, hogra, grasse matinée, veillées tardives, chômage et pour finir il m’a balancé des morceaux de carrelage», a pleuré l’épouse qui a omis de notifier le divorce en vue de l’expulser du logement appartenant à sa mère - i-e la belle-mère de Saâd O. «Je n’ai pas où aller et je vous jure que...» «Arrêtez! arrêtez! j’ai l’habitude d’entendre des épouses fraîchement divorcées me dire qu’elles n’ont pas où aller», s’exclame Saloua Derbouchi, la juge qui demande instamment à l’ex-époux de déguerpir avec les deux années de divorce prononcé et notifié. «C’est une brave femme, qui manie le balai et la serpillière, qui a besoin de respect d’autant qu’elle s’occupe même des enfants», dit la présidente, pressée d’en finir.

Avec trois fillettes, la maman trouve inacceptable cette situation du mari qui boit et à qui il arrive de ren-trer avec de la drogue à la maison. Elle demande la protection de la justice laquelle est priée d’éloigner cet énergumène de la famille qu’il pollue moralement avec ses propos grossiers et malheureux tout de même. M’henna Ouamara, le procureur se lève et attaque le 266 du Code pénal-arme blanche en sus. «Cet article va comme un gant à l’inculpé qui mérite deux ans de prison ferme et une amende de vingt mille dinars.»

L’avocate exhibe des arrière-pensées dans ce dossier dont elle soutire un jugement de divorce non notifié et ce, depuis plus de deux ans. Elle rappelle que l’ex-épouse veut à tout prix «expulser» le père de ses propres filles, du logement appartenant à la grand-mère maternelle: «Qu’un jugement définitif soit prononcé et que l’inculpé s’en aille», a encore lancé Maître Toudjine Amina, la jeune avocate qui a encore dit qu’il n’y aucun délit de violation de domicile et encore moins d’insultes, d’injures et coups car tout est basé sur de simples déclarations de l’ex-épouse. La mise en examen est décidée par une Derbouchi époustouflante...

Abdellatif TOUALBIA

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