lundi 26 octobre 2009

La vérité rattrape toujours le mensonge

Il en aura fallu du temps pour entendre enfin une voix officielle reconnaître l’existence d’un problème qui perdure depuis l’Indépendance et qui est dû essentiellement au manque de rigueur. Pendant toutes les décennies où les ménages algériens ont souffert le martyre à cause de la pénurie d’eau, toutes les causes (sécheresse, fuites des canalisations, pannes de stations de pompage, travaux de raccordement, etc.) ont été avancées par les responsables. Chaque fois que la presse ajoutait parmi les causes, l’envasement des quelques barrages qui existaient à l’époque, les responsables s’empressaient de démentir.

Il aura donc fallu plus d’un demi-siècle pour se défaire de la politique de l’autruche. Le mérite revient au ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal qui, dans un entretien accordé hier au Quotidien d’Oran, a formellement reconnu que «le problème (de l’envasement) demeure (c’est-à-dire qu’il a toujours existé)...la seule solution contre le problème d’envasement des barrages est d’arriver...à reboiser l’ensemble des bassins versants des barrages».

Oui, il a du mérite notre ministre d’avoir dit la vérité car quand, en temps de bonne pluviométrie, les responsables de l’époque n’hésitaient pas à pérorer que les barrages sont pleins à 70% (par exemple), en réalité ces barrages ne contenaient au mieux que 20% d’eau, le reste étant de la vase. Et ainsi, de décennie en décennie, les ministres qui se sont succédé depuis l’Indépendance ont tous voulu nous mener en bateau pour masquer leur impossibilité à régler un problème aussi simple que celui de planter des arbres.

Même très simple, car il suffit d’intégrer le reboisement des bassins versants dès le démarrage des travaux de réalisation du barrage. Ce qui est loin d’être sorcier. Sauf que les barrages font partie des prérogatives d’un ministre et le reboisement relève d’un autre ministre. Tout est dit, nul besoin d’en rajouter. Pour en finir avec ce problème et si les moyens publics ne suffisent pas pour tout reboiser en temps voulu, pourquoi ne pas faire appel au volontariat? Des scouts, des pompiers, de la population...Les moyens existent. Il faut seulement aller les chercher là où ils se trouvent.

Avoir laissé le problème perdurer si longtemps uniquement pour laisser «la poussière sous le tapis» rend les prédécesseurs de M.Sellal coupables devant l’Histoire. Le retard accumulé rend aujourd’hui la facture du désenvasement faramineuse. Il est vrai que la bataille de l’eau a été gagnée par la multiplication des barrages et autres retenues collinaires depuis une décennie, il n’en demeure pas moins vrai que l’envasement a accentué la pénurie qui a prévalu durant les décennies précédentes. Maintenant que l’eau coule dans nos robinets, disons comme M.Sellal dans sa conclusion: «Il vaut mieux en rire qu’en pleurer.»

Zouhir MEBARKI

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