«Dix-sept candidats à l’émigration clandestine ont été interceptés dimanche à l’aube au large du littoral d’Oran au moment où ils tentaient de rejoindre la rive Nord de la Méditerranée, a-t-on appris des gardes-côtes […]. Ces migrants clandestins, âgés entre 15 et 27 ans, avaient pris le large la veille à partir d’une plage de la côte ouest de la wilaya d’Oran». Ce sont là quelques lignes tirées d’une dépêche de l’agence officielle APS datée d’hier dimanche 25 octobre. Elle est venue, comme par effraction, nous tirer d’un semblant de sommeil qui a duré le temps d’une rentrée sociale plutôt calme.
Ironie de l’Histoire, cette nouvelle «prise» survient à un moment où le film de Merzak Allouache Harraga, dédié à cette catégorie de jeunes Algériens désœuvrés et en quête d’une vie meilleure, a décroché le Palmier d’Or au festival de Valencia, en Espagne, cette terre dont ont rêvé les 17 jeunes arrêtés au large d’Oran. La gifle est donc un peu tenace en cette fin du mois d’octobre. Elle rappelle une évidence : il n’y a pas de saison idéale pour tenter chercher l’eldorado, même si la palme revient à l’été pour les conditions météorologiques avantageuses qu’il offre. Ni le froid, ni le vent, ni les marées n’empêchent désormais les jeunes, dont des adolescents, de tenter l’aventure.
Autant dire que le danger ne fait plus peur.Il est évident que dans de telles conditions, le leitmotiv qui revient le plus souvent est celui qui consiste à stigmatiser ces «brûleurs» de la mer. On a souvent mis en taule ces jeunes. On a souillé leur image et «sali» leur casier judiciaire. A-t-on seulement tenté de les comprendre ? Il y a eu des tentatives, mais c’est largement insuffisant face à l’ampleur des dégâts.
Ces jeunes qui ont échoué dans leur tentative ne sont malheureusement pas les derniers, même si leur sort est tout de même meilleur que Hamza, ce jeune qui a péri durant l’été à Annaba, où des dizaines d’autres anonymes disparus en mer. On peut tout leur reprocher. Sauf qu’ils ne sont pas fous. Car, leur seul objectif est celui de vivre. Pas comme des animaux, mais comme des humains qui vivent leurs temps.
Dans la dignité et le respect d’un jeune de XXIe siècle. Ce n’est malheureusement pas l’image qu’offrent les taudis de Diar Echems ou les bidonvilles d’Alger et de Constantine. Car même s’il est vrai que tout n’est pas noir dans ce pays, cela rappelle que beaucoup reste à faire et que tout ce qui brille n’est pas or.
Par Ali Boukhlef
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