lundi 16 novembre 2009

Affaire d’État

On a caillassé nos joueurs, tabassé nos supporters et sifflé notre hymne national devant des ministres de la République algérienne impassibles. On ne pouvait rester les bras croisés devant tant d’humiliations.

Soudan : On arrive. Les supporters des Verts vont déferler sur Khartoum comme des criquets avec un esprit de revanche non dissimulé. La faute à la haine égyptienne qui a provoqué des morts. Inadmissible.

L’affaire tourne au vinaigre. Non contents d’avoir gagné un match, les égyptiens ont lynché les supporters algériens présents au stade. On dénombre des morts et des blessés. Pour ceux qui en doutaient, ils ont eu un aperçu de la signification de “l’amitié arabe”. Elle est faite d’assassinats, de trahison, de bastonnade et de cruauté sans égale. Les algériens ont eu droit à un traitement inqualifiable de la part d’égyptiens qui, d’habitude, servent le thé aux touristes israéliens sur les plages de Sharm el-Sheikh. Il y a eu mort d’homme. C’est devenu une affaire d’état.

Cet “accueil” était pourtant prévisible. Combien fallait-il de morts pour que le gouvernement algérien se réveille ? On a caillassé nos joueurs, tabassé nos supporters et sifflé notre hymne national devant des ministres de la République algérienne impassibles. On ne pouvait rester les bras croisés devant tant d’humiliations.

Depuis hier, l’état semble, heureusement, sortir de sa torpeur pour se mettre au diapason de l’indignation nationale. Billets d’avion à prix cassés, accord avec le Soudan pour supprimer le visa et billets de stade gratuits sont parmi les mesures déployées afin de répondre aux attentes citoyennes. Car les algériens viennent, une fois encore, de faire la magistrale démonstration de leur amour du drapeau. De leur pays.

Certes, certains vont dire qu’on s’emballe trop pour un match de football. Mais rien, absolument rien ne commande ce sentiment national d’appartenance à une Algérie qui veut exister. C’est un devoir de solidarité que de soutenir les Verts, qu’on gagne ou pas, car cela paraît maintenant bien dérisoire face au nombre de morts. Ceux qui ont perdu la vie au Caire ou ceux dont le cœur a cessé de battre devant leur écran. Pour les Verts. Pour l’emblème national.

En attendant, cette colère légitime est également alimentée par l’indolence de la Fifa. Où sont passés les engagements écrits demandés aux égyptiens, allègrement violés ? Va-t-on encore parler football, alors qu’on nous a tué des supporters ?

Tout cela en espérant que les joueurs de l’EN sentiront, depuis Khartoum, ce vent de folie souffler sur leur visage. Cette ferveur populaire salutaire.

Par : Mounir Boudjema

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