lundi 16 novembre 2009

Le foot, oui ! Les profs, non !



Par Hakim Laâlam  
Email : laalamh@yahoo.fr

Le match d’appui contre les Pharaons aura lieu mercredi à Khartoum. C’est pas juste ! Jouer l’Egypte deux fois de suite… 

… chez elle !

Ma fenêtre étant ouverte pour cause de canicule hivernale, j’entends d’ici les klaxons et les cris de joie des supporters algériens qui viennent d’apprendre la nouvelle. L’Etat généreux vient de leur offrir des billets quasiment gratuits pour le Soudan afin qu’ils aillent «afwadjan ! afwadjan !» supporter leur équipe lors du match d’appui contre les méchants et vilains Egyptiens. C’est touchant de les voir déborder soudain de tendresse reconnaissante pour leurs dirigeants subitement bien-aimés. C’est bien. C’est même très bien. Mais tout de même ! Je ne voudrais pas gâcher une si belle ambiance, étant moi-même fou de foot, seulement force est de relever ce fait vachement troublant. Dehors, peut-être même mêlés à la foule, il y a des enseignants en grève, des profs qui gueulent leur rage depuis des lustres pour que leur statut d’éducateur- mendiant soit amélioré. Et à chaque fois qu’ils rouspètent, à chaque fois qu’ils sortent manifester et qu’ils font grève, ils sont tabassés et n’ont droit qu’à une explication qui se veut économiquement censée et politiquement raisonnable : «Vous savez, on ne peut pas d’un coup de baguette magique, comme ça, en un claquement de doigts, sur simple injonction, augmenter vos salaires pour les faire tendre vers un peu de dignité, ni vous donner un statut plus conforme à votre rôle dans la société. La moindre des augmentations doit obéir à des règles très strictes, tenir compte des équilibres micro et macro-économiques. Nous devons éviter de prendre des décisions démagogiques. La gestion d’un pays, c’est autrement plus sérieux, vous savez !» Oui ! Je croyais le savoir. Jusqu’au moment présent où je découvre que les règles micro-macro-machin chose qui sont censées régenter de manière intelligente notre économie volent en éclats sur un simple coup de fil et deux ou trois injonctions. Plus de restrictions, plus de scellés sur les caisses bourrées de l’Etat. On ouvre, on y puise à pleines pelletées et allez ! Quiiiiiiiiiiii veut prendre l’avion pour Khartoum ? T’hassebkoum ! Wallah que c’est de bon cœur ! Allez ! Allez ! Tous à l’aéroport. Il vous faut juste votre passeport et une gorge prête à l’emploi. Grimpez dans l’arche de Noé. Ou plutôt dans celle d’Abdekka. Et tant pis pour les profs et pour l’école ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

H. L. 

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