dimanche 15 novembre 2009

De la laideur du mensonge

Stupéfaction chez les sujets de Sa Majesté. De prime abord, on aurait parié sur la décision de Gordon Brown d'envoyer 5000 soldats supplémentaires en Afghanistan ou sur son ferme engagement à durcir les mesures contre l'immigration. 

C'est perdre son pari à trop vouloir s'attacher au sérieux de ces questions. Si les Britanniques sont déprimés c'est parce qu'ils ont appris qu'ils faisaient partie des personnes les plus moches de la planète ! Une piètre découverte quand on sait que les Américains, eux, viennent de découvrir d'importantes quantités d'eau sur la Lune.

Les Britishs vont-ils nous sortir une autre, plus noire encore, l'humour étant ce qu'il est outre-Manche ? Tony Blair camperait à l'aise dans le rôle de raconteur de blagues de ce genre.

D'abord parce qu'il aura du temps à s'y consacrer pleinement, l'ancien Premier ministre n'espère même plus seconder le premier président du Conseil européen qui sera désigné le 19 novembre. Ensuite, en raison de sa parfaite maîtrise de l'art de flairer des armes de destruction massive où elles n'existent pas.

L'envoyé spécial du quartette au Proche-Orient, qui n'est pas prêt à battre l'Américain George Mitchell dont le nombre de va-et-vient dans la région échappe désormais au calcul mental, va faire sensation en début d'année prochaine.

Exempté d'une comparution devant une cour de justice civile, comme l'a décidé le président Obama aux Etats-Unis pour les principaux accusés dans l'attentat du 11 septembre, Tony Blair va devoir répondre des décisions et des actions de son gouvernement avant et durant la guerre en Irak devant une commission d'enquête.

En public et non pas à huis clos, comme il l'aurait tant voulu. Bien que chaque détail compte dans pareilles circonstances aggravantes, l'ami intime des Bush va être amené à répondre à une question d'ordre général, posée par Sir John Chilcot, responsable de la procédure :

comment avez-vous pu embarquer tout un Royaume-Uni dans une pareille galère alors que le régime de feu Saddam n'avait même pas assez d'armes conventionnelles pour tenir durant trois semaines ? En compagnie d'anciens généraux de l'armée de Sa Majesté,

Tony n'aura qu'un choix à prendre : se retourner vers les services du renseignement US qui avaient fourni des alibis aussi fallacieux les uns que les autres et que Colin Powell avait présenté en personne comme des preuves accablantes.

Toujours pétrifiés rien qu'à l'idée de se savoir classés «rois de la laideur», les Britanniques découvriront-ils à partir du 24 novembre prochain, date du début des auditions publiques, le délire collectif ?

Au point d'imaginer leur ancien Premier ministre en Pinocchio, au nez qui n'a pas cessé de s'allonger au moment des faits ? Qu'ils en soient préservés.

Car croire en la vassalité dont Tony Blair avait fait preuve au nom du lien indestructible américano-britannique est déjà un cauchemar en soi.

Bon ou mauvais sens de ses détracteurs, la presse anglaise l'avait même traité de «caniche de Bush» pour avoir poussé le bouchon du suivisme jusqu'à Baghdad. Toutefois, les Britanniques peuvent toujours se consoler : Tony n'est plus au 10, Downing Street.

Sinon, il n'aurait pas hésité une seconde à aller voir ce qui se vend le mieux dans les allées du bazar de Téhéran. Une question de mauvais flair.

Par Anis Djaad

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