lundi 16 novembre 2009

Redéfinir n'est pas gagner

Il n'y a pas que les filles Obama qui attendent avec impatience le retour de leur père d'Asie. Ses adversaires républicains vont eux aussi se bousculer à sa descente d'avion. S'empresseront-ils de lui reprocher le fait d'avoir élargi une réunion au sommet de l'Apec aux dirigeants birmans, la nouvelle doctrine de l'«engagement pragmatique» US envers la junte militaire ne peut être la bonne approche aux yeux de ses contradicteurs ? 

Ceux-là tâcheront de le lui rappeler. Mais pas avant d’avoir tiré au clair l'affaire afghane, des semaines qu'ils attendent la nouvelle option stratégique des démocrates. Le président Obama peut continuer d'inspirer les artistes et les commerçants chinois chez eux, à Washington, l'heure n'est plus au badigeonnage à l'huile. En clair, il ne suffit pas d'annoncer qu'une décision sur l'Afghanistan est toute proche pour calmer les ardeurs des républicains qui veulent pas moins que de la clarté dans les propos du président.

Et surtout des actions rapides, signifier aux Afghans qui doivent se défendre eux-mêmes est trop vague comme concept sécuritaire pour être pris au sérieux par les éléphants du parti républicain. A se demander s'il existe une seule et bonne qualité chez Barak Obama ?
Il arrive à ses ennemis politiques d'en détecter.

Quand, par exemple, il n'hésite pas une seconde à reconduire les sanctions américaines contre la République islamique d'Iran et à adresser à partir de Singapour un avertissement clair aux mollahs, en compagnie du président russe, Dmitri Medvedev. Sauf qu'une pareille qualité de «franc-parleur», selon la grille de notation des républicains, peut être revue à la baisse quand le locataire du bureau ovale s'amuse à brandir le bâton et la carotte devant le régime de Khartoum. Face au non-respect des droits de l'homme au Darfour et la famine qui revient au Sud-Soudan, il n'y aurait même plus de place pour que le président d'Obama puisse glisser sa main tendue.

C'est cette même attitude radicale que les républicains espèrent voir se renforcer chez lui. Une sorte de chemin initiatique vers une «fauconisation» qu'ils cherchent à imposer au démocrate en chef. Mais aucune des campagnes d'acharnement contre sa personne n'ont eu jusque-là raison de sa constance.

Très attendue, la redéfinition de la stratégie militaire US en Afghanistan se présente ainsi comme la meilleure occasion pour mettre le président Obama en réelle difficulté. D'autant que les pressions exercées sur le gouvernement Karzaï, l'envoi de troupes en renfort et l'acheminement de meilleurs équipements ne permettraient pas à la coalition de remporter une victoire nette sur le mouvement taliban.

Manquera toujours l'adhésion de l'opinion publique afghane qui peine à se défaire de l'idée de l'occupation et à accepter celle de la libération.

Moins encore celle de la démocratisation qui a été malmenée par les fraudes massives lors du premier tour de l'élection présidentielle afghane. Ce qui n'a pas empêché Hamid Karzaï de rester le roi de Kaboul. Et si avec toutes ces prises en compte, la nouvelle stratégie de sortie de crise en Afghanistan venait à échouer ? Se retournera-t-il volontiers vers les républicains pour leur rafraîchir la mémoire : si l'Amérique continue de s'enfoncer dans le bourbier afghan c'est tout de même à cause d'eux ? A défaut de crier victoire, ils crieront au loup qui se dérobe derrière la bergerie.

Par Anis Djaad

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