lundi 16 novembre 2009

De quelle fraternité parle-t-on ?

Les rumeurs les plus folles ont circulé, hier, à travers toute l’Algérie. Tout le monde parle d’un scénario catastrophe. Mais une chose est certaine : il y a eu violence et le sang algérien a coulé au Caire. Et c’est dans la capitale d’un pays, que les autorités du pays continuent à qualifier de «frère», que les Algériens, venus normalement en invités, sont agressés. Les supporters qui ne cherchaient en fait que de la joie ont eu comme seule réponse des jets de pierres et des coups de poing.

Quel désastre !! Quel gâchis ! En fait, cela n’est absolument pas nouveau, même si le propos peut paraître un peu dur ou parfois déplacé. Car, à y regarder de près, cette violence ne peut jamais être le fait de groupuscules isolés, déchaînés. Jamais cela ne peut être un acte spontané. Jamais cela ne serait survenu s’il n’y avait pas la bénédiction des autorités égyptiennes. Et la preuve de cela est simple à vérifier : le président de la Fédération égyptienne de football, Samir Zaher, a franchi le Rubicon jusqu’à affirmer que ce sont les joueurs algériens qui ont orchestré l’attaque éhontée de jeudi soir contre le bus qui les transportait de l’aéroport du Caire à l’hôtel.

Quelle hérésie ! Quelle insolence !! Cela est simplement stupide, et il n’y a qu’à voir la tête bandée de Lemouchia, celle de Rafik Halliche ou la main blessée de Rafik Saïfi pour démentir le délire du dirigeant égyptien. Honteuse est encore cette image de policiers cairotes qui, au lieu de protéger les supporters et les joueurs, ont agressé des journalistes algériens après la fin de la rencontre. La seule conclusion qu’il faut tirer de ces jours de tension extrême est donc que le traquenard de jeudi et l’agression de samedi soir ont été tout simplement prémédités. Pas par les supporters, dont l’émotion peut, certes, conduire à des escarmouches, mais par des responsables d’un pays en mal dans leur peau.

Des dirigeants qui n’ont rien à vendre à leur peuple que la victoire d’un match de football, qui ne doit pas, en principe, dépasser le cadre d’une simple rencontre sportive. Sans plus. Et le sang des Algériens est apparemment la voie la plus facile pour Moubarek pour placer sans fils sur les rails de la présidence égyptienne qui s’approche.Face à cela, les jeunes Algériens ont montré, hier, leur sportivité en scandant des slogans de soutien à leur équipe malgré la défaite de samedi soir. Ces supporters, jeunes dans leur grande majorité, ne sont pas des va-t-en-guerre. Bien au contraire. Même si, il faut l’avouer, ils ont le droit de s’interroger, toujours dans le calme, sur les raisons de la frilosité des autorités de leur pays.

Que diront, en fait, les autorités égyptiennes si leurs concitoyens étaient agressés chez nous ? Ils vont certainement monter au créneau, pour ne pas dire plus. Pendant que des Algériens se font massacrer au Caire, les responsables de l’Etat, dans l’incapacité de se mettre au diapason de cette jeunesse en soif de joie, font preuve d’un mutisme pour le moins étonnant. S’il est vrai que la diplomatie a ses voies et son langage, il n’en demeure pas moins que de tels comportements appellent une position et une réaction fermes.

Une attitude que n’a pas su, malheureusement encore, afficher la Fédération internationale de football qui, malgré l’agression caractérisée à l’encontre du onze national, n’a pris aucune décision, si ce n’est le timide avertissement de jeudi dernier. Mais, en attendant, les Fennecs auront largement le temps de montrer autre chose sur le terrain à Khartoum mercredi prochain. Mais cela est une autre histoire.

Par Ali Boukhlef

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