dimanche 15 novembre 2009

L’Entv, un media lourd qui a perdu son poids

«La manière dont la Télévision nationale a couvert l’événement, avec une absence de réactivité flagrante, est une preuve que cette télévision appartient à l’âge de la préhistoire des médias.»
Liberté du 14 novembre

La presse nationale fut unanime ce samedi pour dénoncer la mauvaise couverture de l’Entv des derniers événements du Caire. L’Expression n’est pas le seul journal à dénoncer cette défaillance de notre cher média lourd (que nous aimons et que nous défendons contre toute attaque), mais qui a visiblement perdu beaucoup de poids. Et comme on est bien informés de ce qui se passe au 21e boulevard des Martyrs, nous vous livrons un nouveau scoop qui démontre la légèreté et surtout le manque d’audace de notre télévision nationale. Quelques jours avant l’incident du Caire, une délégation de journalistes égyptiens avait fait le tour des rédactions et fut même accueillie avec tapis rouge au ministère de la Communication et au siège de la Télévision.

Il était prévu que ces journalistes apaisent la tension qui persistait entre les télévisions égyptiennes et la presse écrite algérienne. Ils avaient convenu d’organiser, à leur retour du Caire un duplex entre la Télévision algérienne et la chaîne publique El Masrya, avec des invités sportifs et médiatiques des deux côtés. Mais une fois chez eux, ces journalistes ont coupé le contact avec leurs homologues algériens et toutes les tentatives de l’Entv, de joindre les responsables d’El Masrya ou ESC (Egyptian Satellite Channel) sont restées vaines. Les Egyptiens ont définitivement boycotté la Télévision algérienne.

Au lieu de dénoncer cette attitude déloyale et basse, l’Entv s’est contentée de fermer les yeux sur tout. Nous ne sommes pas contre la télévision ni contre les responsables de l’Entv, mais contre ces hauts responsables qui surveillent et qui dictent le contenu du 20h. L’Entv et sa direction reste libre dans le choix de ses émissions, dans le choix de ses invités et encore dans le choix de sa programmation.

Mais aucun responsable ne souhaite prendre de risque. L’épisode des caricatures sur le Prophète et le limogeage de Lotfi Cheriet, alors puissant directeur de Canal Algérie et surtout le limogeage des responsables de l’information de la chaîne A3, il était devenu déconseillé pour les responsables en place de prendre des décisions audacieuses, surtout dans un contexte où ce match de football a dépassé de loin le cadre du sport et de la diplomatie.
En brisant les ailes de la liberté des différents directeurs à l’Entv, les responsables de l’audiovisuel algérien, ont desservi la cause déjà perdue de l’Unique. Il ne faut pas blâmer Yacine Bourouila, le directeur des sports, Nadir Boukabès, le directeur de l’info, ou encore le directeur général de L’Entv, Abdelakader Lalmi, car ils n’ont pas les coudées franches pour offrir aux téléspectateurs algériens, la télévision qu’ils souhaitent regarder.

Aujourd’hui, nous sommes amenés à suivre Al Jazeera pour écouter à chaud notre président de la FAF, Mohamed Raouraoua, à regarder Canal+ pour découvrir les actes de barbarie des Egyptiens et enfin, il faut regarder Nessma TV pour voir notre vedette Beloumi parler de son aventure au Caire. Alors qu’à côté, l’Egypte, avec son armada de chaînes privées de bas de gamme, tente de vendre une image fausse des événements qui se sont déroulés au Caire, en présentant des faux témoins et surtout en déformant des faits qui ont été prouvés par l’image.

Amira SOLTANE

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