mardi 27 octobre 2009

Chasse aux postes

Le renouvellement partiel du Sénat prévu en décembre prochain a brutalement tiré de leur sommeil les saisonniers de la politique et les chasseurs de postes tapis au sein et en dehors des formations politiques. C’est devenu en effet un lieu commun de voir nos hommes politiques s’agiter dans tous les sens lorsqu’une échéance politique se profile à l’horizon pour se placer ou placer leurs représentants dans les institutions de l’Etat plongeant les partis dans des crises internes qui empoisonnent la vie partisane et pervertit le débat politique dans le pays.

Les clameurs qui s’élèvent de l’intérieur du plus vieux parti, le Fln, alimentées par un groupe de cadres du parti tombés en disgrâce au sein de cette formation lesquels se mobilisent pour présenter des candidatures aux prochaines élections sénatoriales partielles en dehors du cadre organique du Fln sont l’expression la plus accomplie de cette course éperdue aux postes gratifiants dans les institutions de l’Etat en termes de pouvoir et de privilèges y afférents.

La question aujourd’hui n’est plus de savoir ce qui dans le Sénat et les autres anti-chambres du pouvoir fait courir et rêver la classe politique et toute cette faune d’opportunistes prête à toute sortes d’alliances douteuses, à acheter à un prix fort des voix pour décrocher la timbale : un poste de sénateur, de député ou autre.

Cela on le sait désormais fort bien. Bien plus que cela, il s’agit aujourd’hui de s’interroger si le Sénat tel qu’il a fonctionné jusqu’ici, c’est-à-dire comme une doublure en bonne et due forme de l’Assemblée nationale, a sa raison d’être dans le paysage institutionnel. En partie s’il y a une telle pression sur Bouteflika de la part de la clientèle du pouvoir pour la distribution des postes et donc de la rente, c’est tout simplement parce qu’il y a des postes à pourvoir à satiété dont beaucoup tiennent lieu de renvoi d’ascenseur au profit des soutiens politiques et des réseaux d’alliance desquels le pouvoir tire sa force et sa légitimité.

Tarir ces gisements d’emplois fictifs qui occasionnent des dépenses inutiles au Trésor public par le démantèlement de toutes les structures parasitaires qui émargent au budget de l’Etat sans rien apporter à la collectivité nationale contribuerait, à coups sûrs, à réhabiliter la politique, la notion d’élu et de responsabilité dans les structures de l’Etat. La distribution des prébendes par le truchement des postes électifs ou de nomination à des responsabilités étatiques a pollué le champ politique.

Sinon comment expliquer que c’est toujours le même personnel politique qui se recycle et se relaie dans une apparente sérénité qui cache mal les guerres souterraines et les conflits d’intérêts opposant clans adverses à l’image de ce qui se passe au Fln et ailleurs ? Comment expliquer que ce même personnel n’investit le champ politique que lorsqu’il y a un enjeu électoral, des postes à prendre ?

Pour revenir aux élections sénatoriales et à la place du Sénat dans le jeu institutionnel il faudrait juste rappeler que dans les vieilles démocraties le poste de sénateur est essentiellement réservé aux candidats et personnalités d’un certain âge, qui ont un parcours politique ou autre à mettre au service de la collectivité.

C’est un poste pour sages. Peut-on être raisonnablement et légitimement sénateur à 40 ans ou à 50 ans ? L’Algérie innove en la matière en ouvrant les portes du Sénat à des quadragénaires qui auraient bien pu, s’ils ont réellement des compétences à faire valoir, les exprimer ailleurs, dans un cadre plus approprié.

Par Omar Berbiche

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