dimanche 6 septembre 2009

Nettoyer devant sa porte



Par Hakim Laâlam
Email : laalamh@yahoo.fr
Si l’Algérie gagne ce soir contre la Zambie, demain matin, je me fais une vraie folie. Un truc d’enfer ! Je m’achète…

… une livre de citron vert !

A quelle vitesse nous nous sommes jetés sur la dernière élection présidentielle gabonaise, c’est vraiment impressionnant ! A peine le fils Ali a-t-il succédé à son défunt père Omar que tout ce que compte l’Algérie comme voix promptes à se scandaliser est montée au créneau : «Tu t’imagines ! Cette dynastie Bongo caporalise le Gabon et l’a littéralement annexé. Décidément, l’Afrique noire ne changera jamais !» Faut vraiment n’avoir rien à faire, s’ennuyer ferme ou être vachement vicelard sur les bords pour aller chercher au Gabon, si loin de chez nous, des motifs à se montrer scandalisé. Remarquez, c’est tout de même plus facile, le Gabon. Ça permet de se scandaliser à moindre frais et sans risquer grand-chose, sinon le mépris. A la limite, l’ambassade de ce pays peut vous envoyer une mise au point dans laquelle elle exprimerait son «incompréhension devant tant d’acrimonie visà- vis d’un pays frère qui a toujours été aux côtés de l’Algérie». Le genre de messages qui ne mange pas de pain. Je serai gabonais, aujourd’hui et je serai chargé de rédiger la mise au point, je ne pourrai pas m’empêcher de rajouter mon petit grain de sel. Du genre «avant de zieuter mon pas de porte, balaie devant le tien !» Ben oui ! Quand même ! Pourquoi se déclarer scandalisé par le mode de succession au pouvoir au Gabon alors que qu’ici même, en Algérie, il y a eu «plus pire» et il va surtout y avoir «plus pire» ? Ou alors quoi ? Lobotomisés, nous aurions déjà oublié les multiples épisodes de la Brother Connexion ? Sous prétexte de la peur des représailles, nous devrions taire les dépassements scandaleux de prérogatives qui intronisaient le petit frère seul second timonier aux côtés du Grand frère sur un bateau de plus en plus ivre ? La République ne se mettait-elle pas au garde à vous devant le cadet, par peur de l’aîné ? Très franchement, je ne vois guère de différence systémique entre ce schéma-là de gouvernance et le mode de succession dit «à la gabonaise». Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.


H. L.

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