dimanche 6 septembre 2009

La semaine des quatre vendredis

Une véritable dlala que ce week-end semiuniversel. Chacun y vend à sa place sa petite marchandise usagée, et ce n’est pas pour autant que les vaches sont bien gardées. Sauf les vaches à lait, celles que l’on dorlote comme un derrick ! Conjugué au Ramadan qui ajoute sa touche d’irrationnel au grand bazar, on baigne dans le délire. Préparez-vous, on va vous réveiller ! Tu parles d’un réveil ! C’est l’assommoir collectif.

Durable. Les journaux paraissant le seul jour férié de la semaine, tu ne trouveras ça nulle part in the world ! Garanti ! Imagine Le Monde en France, The Washington Post aux Etats-Unis, The Guardian en Grande- Bretagne ou El Ahram en Egypte, en repos le samedi, mais activant les rotatives le dimanche ? La semaine à l’envers, le calendrier de guingois, la raison qui marche sur la tête.

Et si au moins ce renversement était la conséquence d’un choix ! Mais, non ! Il ne procède ni d’une stratégie commerciale ni d’une adaptation aux exigences d’un lectorat. Il résulte d’un diktat des imprimeries, lesquelles semblent faire leur petite cuisine toutes seules dans leur coin, à l’abri des dispositions légales prises par un Etat qui a encore la force d’en édicter des bribes dans un souffle d’agonisant. Qui décide, en fin de compte ? Eh bien, c’est simple. El- Houkouma a grossièrement arrêté de déplacer le week-end.

A moitié, disons. Le reste, la mise en application, le plus difficile, on verra ! C’est chacun pour soi ? Que chacun prenne le week-end qui lui convient, c’est la semaine des quatre vendredis ! Moi, c’est le jour où je dois sortir ma grand-mère. Mon collègue, là, derrière le bureau, le gus à lunettes de greffier, lui, c’est le lendemain, son week-end. On ne peut partir tous le même jour. Le cafouillage provoqué par ce micmac, c’est quand même du chiadé.

Les tergiversations sur la répartition des cours dans l’Education nationale, c’est quelque chose. Si, par exemple, le jour de repos hebdomadaire est vendredi, qui n’est pas le jour légal, on est hors champ. Total ! Ces petits ponts que distribue au pays ceux qui le gouvernent ne prouvent pas seulement qu’une décision aussi importante que le changement de week-end a été prise à la légère. Réflexion, préparation, projection même, oulach ! Concertations avec les politiques et les professionnels des secteurs où l’application est problématique ? Walou ! C’est le coup de tête, l’impulsivité, le fait du prince.

Débrouillez-vous avec ça ! Après tout, un peu plus de brouillage, ça n’a jamais tué le désordre. Tout cela ne confirme qu’une chose : l’insigne incompétence de nos dirigeants. Oui, c’est ça, partez ! Vous voyez bien à quel point votre incompétence est nuisible au pays ! C’est la seule chose qui puisse être dispensée de débat. Prenons l’Education nationale et les hésitations dans lesquelles le ministère s’abîme non pas avant mais après que la décision soit prise.

On a tous entendu notre omniprésent et indéboulonnable ministre des écoles tirer des plans sur la comète en direct sur les radios. Les projections sont normales en d’autres circonstances. De même que les alternatives, s’ils elles avaient été étudiées avant d’être livrées en vrac à l’opinion publique même pas abasourdie, emballée par l’incertitude et le doute d’amateurs.

Lamentable. Surtout cette possibilité évoquée de faire venir les écoliers le samedi. Ce qui équivaut à abolir un jour de repos hebdomadaire en le fractionnant par petits morceaux. Genre : pour obtenir un week-end intégral, tu colles bout à bout un morceau de vendredi, un fragment de samedi. Tu assembles tout ça avec de la colle algérienne qui ne colle rien et te voila semiuniversel. «Ils» auraient pu nous éviter tout ce cirque en se souvenant que la compétence des gouvernants, c’est de prévoir.

Une concertation minimum menée en amont aurait fait faire l’économie de ce spectacle affligeant. Concertation. Même pas avec le corps enseignant. C’est déjà un niveau de réflexion que les incompétents qui sont au gouvernail ne peuvent atteindre. S’ils avaient seulement demandé leur avis aux représentants des élèves, ils seraient sortis avec un projet un peu moins bâclé.

Résultat : nous voilà flanqués d’une multitude de week-ends, ne sachant plus où donner de la tête dans cette synthèse œcuménique sans le vouloir. Oui, si notre opiniâtre singularité se maintient contre vents et marées, ce n’est pas dans l’affliction d’être gouvernés par des gens qui ne voient pas devant la pointe de leurs chaussures. Hélas, cette malédiction est partagée par nombre de pays.

Combien de tyranneaux incompétents trônent-ils sur de grands peuples qu’ils mènent droit aux récifs ! Notre singularité est de donner dans l’absurde avec un tel sentiment d’autosatisfaction béate que ça en devient pathétique. Oui, ils vont réussir le pari de créer ce qui a toujours été comparable à la quadrature du cercle, l’impossible. Ils sont en train de fabriquer la semaine des quatre vendredis.

Par Arezki Metref

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