dimanche 6 septembre 2009

Guerre sans fin

Les guerres ont une logique que le temps n’a pas réussi à effacer. C’est cette frontière ou, mieux encore, cette opposition entre deux côtés, le bon et celui qui ne l’est pas. Tout cela est bien entendu relatif puisque c’est selon les parties en conflit. Ainsi en est-il malheureusement de celle qui se déroule en Afghanistan depuis 2001 et dont plus personne à présent n’entrevoit la fin. Ce qui frappe de dérision tout le reste, comme l’élection présidentielle qui ne connaît pas encore son vainqueur. Mais de quelle victoire électorale bien entendu peut-on se prévaloir quand la réalité du pouvoir échappe à toute autorité et que les analyses les plus fines sont d’un pessimisme extrême ? Mais cela explique-t-il la poursuite des bombardements aveugles dont la seule conséquence est de faire basculer la population afghane ? Même les Américains, qui parlent encore et toujours de bavures, en sont conscients puisqu’ils envisagent de changer de stratégie.

L’Otan n’arrive plus, quant à elle, à dissimuler ses divergences. Le chef de la diplomatie luxembourgeoise déclare ne pas comprendre que « des bombes puissent être ainsi larguées aussi facilement et rapidement… Il doit bien y avoir aussi à l’Otan des règles » en la matière, a-t-il ajouté. Le ministre britannique des Affaires étrangères s’inquiète quant à lui des conséquences d’un tel acte, soulignant que de tels incidents rendaient « plus difficiles » les efforts pour convaincre la population afghane de soutenir l’action de la coalition internationale sur place. Les avions de l’Otan ont bombardé vendredi deux camions-citernes d’essence destinés aux forces internationales, volés jeudi soir dans une embuscade tendue par des talibans. Jusqu’à 90 personnes ont été tuées dans cette attaque. C’est la guerre à distance, sans engagement sur le terrain, et cela donne pareilles situations.

Depuis le déclenchement de cette guerre qui n’obéit à aucune règle classique, les erreurs de tir ou encore les dommages collatéraux, selon le nouveau lexique, se sont multipliés. Le bilan des pertes civiles est lourd, même si officiellement il ne figure dans aucune statistique. Et cela complique d’autant plus la conduite de cette guerre que d’aucuns croyaient limitée dans le temps. Comme d’ailleurs celle qui a lieu en Irak, que l’on disait ou croyait aussi rapide. Les Etats-Unis en sont alors à changer de stratégie afin justement de gagner la confiance des populations. « Nous disposons d’un temps limité pour prouver que cette approche fonctionne », a cependant admis jeudi soir le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates. Qu’est-ce que cela peut-il signifier ? Fixer un délai, c’est en effet envisager ou du moins proclamer la fin de la guerre. Et donc partir sans que soit réglée la question de fond : que deviendra l’Afghanistan ? La réponse tient en un mot : guerres. Tout le monde y pense et personne n’ose penser au jour où la coalition internationale s’en retirera.

Par T. Hocine

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