dimanche 6 septembre 2009

Film historique

Durant l’été, les chaînes européennes procèdent à des rediffusions de leurs anciens programmes parce que la plupart de leurs clients ont choisi d’aller à la chasse au soleil ou préfèrent se mettre au vent à la campagne «loin des murs gris de leurs cités.» Mais beaucoup de nouvelles chaînes, n’ayant ni le capital filmique ni les moyens financiers de leurs aînées, ont préféré diffuser de vieilles séries américaines qui ont déjà fait le tour de la plupart des canaux hertziens ou de vieux films qui ont bien amorti leur coût depuis longtemps déjà.

Et c’est ainsi que nous est offert, pour pas grand-chose, le plaisir de revoir un film ancien qui a déjà égayé une soirée ou un après-midi. Revoir un film avec l’expérience accumulée et le sens de l’analyse plus aiguisé procure un plaisir double surtout si le film est de bonne facture, qu’il est servi par un réalisateur habile et des comédiens excellents. Vous me direz après cette courte introduction, qu’il ne peut s’agir que d’un film américain et que par-dessus le marché, d’un western.

Je vous dirais oui en vous précisant tout d’abord que c’en est un, mais qu’il ne s’agit pas de n’importe quel film puisqu’il s’agit du chef-d’oeuvre d’Arthur Penn Little Big Man où Dustin Hoffman exhibe toutes les diverses palettes de son immense talent. Ensuite, il s’agit d’un film historique. Non pas qu’il retrace, comme le font certains, le parcours d’un héros célèbre à travers les péripéties les plus marquantes du pays en question, enjolivant par-ci ou noircissent par-là les traits ou les actions des divers protagonistes.

Il ne s’agit en aucun cas des exploits d’un conquérant ou des aventures coquines d’une courtisane ambitieuse. Et pourtant c’est un véritable film historique: le cadre, les costumes d’époque, les faits, les événements, tout concorde à en faire un véritable film historique. Alors que le feuilleton consacré à Jean-Paul Sartre montre une foule de personnages célèbres et quelques figurants, dans Little Big Man, nous avons trois ou quatre personnages célèbres (le général Custer, deux fameux chefs indiens et Wild Bill Hickock) et une foule de personnages anonymes dont le fil conducteur est le héros principal: un quidam malmené par un pays en ébullition, au début de son édification.

Ainsi, on peut avoir une idée des conséquences dramatiques (ou drôles) de la lutte des Indiens pour défendre leurs territoires, admirer toute une galerie de riches portraits hauts en couleur: le missionnaire ascète et son épouse hédoniste, le charlatan escroc qui perd un organe à chaque bonne affaire qu’il rate, la soeur du héros, véritable virago qui organise des «lynchages», forme de justice punitive et expéditive alors en cours dans l’Ouest sauvage, le tueur froid et habile, le général imbu de sa propre personne jusqu’à l’aveuglement qui le mènera à la défaite et à la mort, les immigrants qui changent de métier à chaque revers de fortune, le destin tragique de ceux qui changent de camp sans le vouloir, et enfin les us et coutumes d’une tribu indienne menacée d’extermination et guidée par un vieux sage aveugle qui ne «voit» que par ses rêves, rêves inspirés par sa profonde sagesse.

La bataille de Little Big Horn est le point final et le repère historique véritable de cette saga fictive où on assiste à la réhabilitation des Amérindiens, réhabilitation amorcée, déjà dans La Flèche brisée de Delmer Daves et l’Automne des Cheyennes de John Ford.

Selim M’SILI

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