dimanche 6 septembre 2009

Le petit Lieberman

Tous nos dictionnaires sont bons pour la poubelle ! Le petit Lieberman est en train d'être confectionné dans les bureaux du ministère des affaires étrangères israélien. Du nom de son concepteur, ce glossaire aura une seule et unique particularité : pas un mot sur le conflit palestinien.

Ainsi en a décidé Advigor Lieberman, le ministre qui a usé ses semelles comme vigile devant les boîtes de nuit de Tel-Aviv.

En abîmera-t-il d'autres lors de ballets diplomatiques ? Surtout pas pour promouvoir l'idée de deux Etats. Selon le petit Lieberman, prière d'excuser la mauvaise qualité de réflexion, un retour aux frontières d'avant la guerre des Six jours ne favoriserait nullement la paix. Dorénavant, les Syriens sauront à quoi s'en tenir.

Ce n'est pas demain qu'ils pourront récupérer leur Golan par la négociation. Quant aux Palestiniens, qui veulent négocier directement le statut final, Shimon Pères a imaginé la meilleure de l'année, très loin de la ligne verte. Il a proposé de créer un Etat palestinien, même sans accord de paix officiel palestino-israélien.

Aurait-il déjà suggéré à Lieberman le nom de ce futur Etat qu'il ferait exprès de ne pas inclure dans son dictionnaire ? La seule appellation qu'il tolérerait, la «République fantôme de Palestine». Si ça ne tenait qu'à lui, elle ne doit même pas faire l'objet d'une quelconque évocation.

Comme Lieberman se refuse à écorner les pages de son dictionnaire, à son franc sens, l'idée de deux Etats est tellement saugrenue qu'il ne faut même pas l'évoquer. Le sont aussi toutes les accusations de corruption et d'abus de confiance qui pèsent sur ses larges épaules de vigile ? Lieberman choisit de retourner aux classiques de la diplomatie quand il est question de ses sales affaires personnelles.

Il s'est même permis de déclarer ouvertement ce que jamais un politique israélien n'a pu chuchoter seul dans le désert du Néguev : le problème fondamental de l'Etat hébreu, c'est sa dépendance vis-à-vis de son allié américain ! Retenons quelques-uns des synonymes sélectionnés par ses soins : aides financières majeures, vetos indispensables au Conseil de sécurité, sanctions contre les pays menaçant la sécurité d'Israël…

Mais au fond, Lieberman aurait tout à fait raison. S'il n'y avait pas ce lien ombilical entre Washington et Tel-Aviv, il n'aurait pas hésité une seconde à expulser tous les Arabes israéliens.

Et Benyamin Netanyahu n'aurait pas eu l'idée abjecte d'accélérer la colonisation avant d'en annoncer le gel comme le veut la société internationale.

Cette manigance peu paraître décevante aux yeux de Barack Obama, mais s'il veut continuer sa politique d'ouverture, les exilés cubains aux States lui doivent bien cela, son entourage proche doit le priver du petit Lieberman à travers lequel le négationnisme court sur toutes les pages.

Par Anis Djaad

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