dimanche 27 décembre 2009

Pris aux prix

Aller faire son marché à Marignane serait-il plus rentable pour la ménagère algérienne ? Car l’envol des prix des fruits et légumes chez nous vous encourage vivement à mimer l’action d’Aminatou Haider qui fut si économique pour ses hôtes à Lanzarote, mais qui coûta tellement au dernier des commandeurs des croyants dans le monde. A voir les étals de nos marchés, vous seriez tentés par un bouillon de bananes, les légumes tout à fait locaux comme la tomate, les petits pois ou les haricots verts étant de 40 % plus chers.

Les légumes secs qui sauvaient la mise chez les plus nécessiteux d’entre nous voient aussi leurs prix propulsés et se mettent hors de portée, à l’instar des lentilles qui ont pu atteindre la barre de 180 DA le kilo. On nous dit que ce sont là des augmentations d’hiver et que cela est tout à fait naturel.

Normal qu’un kilo de haricots verts frais cultivé à la sortie de Bab Djedid pour être commercialisé à Bab el-Oued coûte presque le prix d’un kilo de haricots verts en conserve, importé des zones proches de l’Alaska ? Quels que soient l’importance, le confort et la beauté esthétique d’une autoroute, le marcheur saurait-il la couvrir le ventre vide ? Timide auparavant, la spirale des prix s’emballe et n’a plus de retenue, en l’absence de réactions des pouvoirs publics.

L’Etat, si à cheval lorsqu’il s’agit de tacler une marche à Alger, est lamentablement absent face au désordre et aux irrégularités qui distinguent le commerce national. Pis, il est arrivé qu’on nous ramène de l’étranger des «lumières» pour nous éclairer et nous expliquer les immenses bienfaits de… l’informel et de son rôle irremplaçable dans l’essor de notre économie.

Personne de sensé ne peut renier les efforts à la relance du monde rural et l’aide conséquente que l’Etat accorde directement ou indirectement aux activités agricoles. Un appui qui a fini par faire considérablement baisser le montant de la facture alimentaire. Mais est-il juste de laisser s’installer une anarchie qui permette aux spéculateurs de détourner à leur guise le produit des efforts conjugués de l’Etat et du fellah, et de s’enrichir sur le dos d’un consommateur déjà éprouvé. Qui serait pour un Etat pigeon où c’est le déshérité qui est pénalisé ?

Par Mohamed Zaâf

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