dimanche 27 décembre 2009

Le temps des prédateurs

Une augmentation de salaire sert à améliorer le pouvoir d’achat, à aider les travailleurs et les ménages à mieux résister aux difficultés quotidiennes. Manifestement, les maigres acquis de la dernière tripartite n’auront servi à rien puisque les prix des légumes frais et secs, aliments des Algériens, ont flambé brutalement et sans raison valable. Les rapaces ont donc la peau dure et défient ouvertement la puissance publique.

Les consommateurs sont livrés poings et pieds liés à ces suceurs de sueurs qui semblent bénéficier d’une protection puissante puisqu’ils contrôlent tout le marché des fruits et légumes et décident des prix des produits de première nécessité comme ils veulent et à tout moment, sans aucune logique de la loi de l’offre et de la demande. Au nom d’une loi permissive, les prix sont libres et soumis au principe de l’offre et de la demande. Le puissant lobby de spéculateurs, lequel domine le marché des produits agroalimentaires, use et abuse de ce principe à volonté.

Face à ce lobby puissant qui contrôle le marché de gros et distribue les marchandises avec parcimonie afin de garder les prix à un niveau de spéculation, les pouvoirs publics semblent être impuissants en raison de l’improvisation dont ils font preuve à chaque flambée des prix.

C’est ainsi qu’on a assisté à des réactions d’impuissance face aux agissements illégaux et préjudiciables des magnats du marché, comme si les pouvoirs publics ne disposent pas de moyens pour combattre ces rapaces et les mettre une fois pour toute hors d’état de nuire. faudrait-il que le couteau atteigne l’os pour que l’on décide de revoir la loi sur la concurrence et les prix.

Une loi élaborée dans les années quatre-vingt-dix à la faveur de l’instauration de l’économie de marché qui a laissé les prix libres, comme si le marché algérien pouvait s’autoréguler alors qu’il est dominé par des requins qui ne pensent qu’au profit rapide par tous les moyens. L’Etat, qui ne s’est pas désengagé de certains secteurs moins névralgiques, a remis les rênes d’une économie en mutation à des milieux d’affairistes et de parasites qui ont failli ruiner le pays après avoir dilapidé ses richesses foncières et financières.

Profitant de l’affaiblissement de l’Etat et de son investissement total dans la lutte antiterroriste et l’isolement international qui a marqué cette période, des cercles qui avait un pied dans les institutions de l’Etat et un autre dans les affaires ont transformé l’économie nationale en bazar, compliquant davantage une situation précaire pour les citoyens à faible revenu et élargissant le fossé entre la minorité nantie et la majorité qui se débattait dans des difficultés quotidiennes en plus de sa lutte pour sa survie face à la barbarie terroriste.

La phase de l’import-import, qui a provoqué une hémorragie des ressources nationales en devises au seul profit des spéculateurs nationaux qui se sont alliés à leurs semblables étrangers, s’est conjuguée à une spéculation sans précédent. Le pouvoir d’achat des travailleurs et ménages s’est donc vu rogné par ces maîtres de l’arnaque et la forte inflation provoquée par une économie comprador qui ne produit ni richesses, ni valeur ajoutée, ni emploi. La remise en cause de ces choix initiaux à partir des années 2000 n’a pas été suivie de la révision de la loi de la concurrence et des prix qui est favorable à ces snipers des bourses faibles mais majoritaires.

Par Abdelkrim Ghezali

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