dimanche 25 octobre 2009

La meilleure police du monde

A quelques jours du Salon du livre d’Alger, un roman – une fiction sur les harraga sans rapport avec l’actualité gouvernementale – est arrêté dans sa fabrication à l’imprimerie par la police alors qu’il se vend déjà dans les librairies. Quelques jours après, la police débarque dans l’appartement de son auteur avec un mandat de perquisition pour tout fouiller, à la recherche de quelque interdit supplémentaire qui serait caché sous le matelas.

Renseignements pris et lus, ce livre n’a pas grand-chose de subversif, à part qu’il rappelle que le Club des Pins est un club fermé de l’intérieur et que l’Algérie n’est pas un pays très démocratique, même vu de l’extérieur. Bien sûr, le ministère de la Culture et celui de l’Intérieur n’ont pas daigné fournir d’explications sur ces procédés dignes de la Corée du Nord version 1960 et continuent de faire danser les plus dociles pour le premier, et de faire chanter le reste de la population pour le second.

L’Etat brillant encore par son absence dans cette affaire, la question qui se pose est : les ministères concernés sont-ils au courant de cette opération combinée interdiction-descente ? Oui, s’ils lisent les journaux. Non, s’ils n’ont jamais lu de livre. Ce qui ne règle pas la question du livre algérien ; peut-on interdire un roman sans savoir qu’il existe ?

Cette question absurde a une réponse absurde, oui, on peut interdire ce qui n’existe pas pour ne pas qu’il puisse exister. L’ironie de cette triste histoire est que l’auteur de ce roman sur les harraga a préféré quitter son pays comme un harrag pour éviter d’éventuelles suites, arrestation, voire torture et camps du Sud.

S’il avait écrit un livre sur la mort, l’aurait-on tué ou se serait-il suicidé ? S’il avait écrit un livre sur la corruption, le ministère aurait-il essayé de le corrompre ? Et s’il avait écrit un livre sur le sexe, que lui aurait fait l’Etat.

Par Chawki Amari

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