La nouvelle page web de la Maison-Blanche aurait pu faire sensation tant elle permet désormais au public américain de donner son avis sur n'importe quel sujet. Débattre de la réforme de la santé que les Républicains continuent de refuser à Barack Obama, dire si la grippe A
est une urgence nationale comme le pense le président démocrate ou expliquer pourquoi le copilote d'un avion US a oublié d'atterrir. Mais sur le net, il y a des pages qui font vite de balayer d'autres.
On aurait pu penser à celles diffusées sur Twitter quand l'Amérique cherchait à donner des preuves en images de l'ampleur de la répression du régime iranien contre les réformistes du camp de Moussavi.
Celle qui fait tabac en ce moment nous parvient des Pays-Bas où il est rassurant de savoir que les digues artificielles n'ont pas cédé face à la grogne des eaux.
Il s'agit d'une vidéo postée par un groupe de jeunes marocains néerlandais montrant ce qu'il pourrait advenir des Pays-Bas si la forte communauté marocaine venait à repartir chez elle. Seul pépin, le film, intitulé La tête ou la queue, est accompagné d'une question qui s'avèrera celle qui tue :
«Que pensez-vous du départ des Marocains ?» En une seule journée, 71% des 13 500 internautes ont répondu : «Bien qu'ils s'en aillent !» Le groupe de jeunes anonymes aura beau expliquer son succès aigre-doux quant à la relance du débat sur l'immigration sous un nouvel angle, le mal est dit. Reste à savoir si ce sondage reflète la pensée sournoise de la majorité des Néerlandais.
En attendant un sondage national réalisé par un institut un peu plus sérieux, ce mauvais coup de boomerang tourne à l'avantage de la droite populiste et de son leader, Geert Wilders. Lui aussi aime-t-il les immigrés chez eux, pour reprendre les propos xénophobes de Jean-Marie Le Pen ?
Auteur d'une vidéo anti-Islam, rien à voir avec les caricatures de la presse danoise, il a juré d'expulser tous les étrangers qui refusent de s'intégrer.
Seuls ceux qui respectent les lois de la République à partir de leurs infâmes cités ghettoïsées seront invités à rester ? La question peut être renvoyée sur la toile aussi bien pour lui que pour le Britannique Nick Griffin, le leader de l'extrême droite, qui, sur la BBC, a cru défoncer des portes ouvertes alors que le racisme les a toujours traversées en courant d'air.
Ou aux responsables du parti national démocrate suédois dont le nationalisme renvoie désespérément à l'ère des Vikings.
Mais inutile de titiller le nationalisme à chacun d'eux par un courriel nominatif puisque l'extrême droite européenne est en train de s'organiser pour faire front uni contre les institutions européennes.
Baptisé «Alliance des mouvements nationaux européens», ce groupement fait le forcing pour devenir un parti européen officiel.
Qui pourrait l'en empêcher au moment de l'enregistrement à Bruxelles ou à Strasbourg ? Les Vingt-sept qui continuent de «s'agglutiner» au stylo or du président tchèque en attendant qu'il se décide à ratifier le texte simplifié de la Constitution européenne ?
L'Union européenne risque de ne pas pouvoir faire grand-chose si les formations nationalistes d'Autriche, de Grande-Bretagne, d'Espagne et du Portugal rejoignent l'alliance qui compte déjà pas moins de cinq partis. A ce rythme, ce n'est plus le Royaume-Uni qui ressemble à la France d'il y a 25 ans mais l'Europe toute entière. La faute à la crise ? Stupide d'y croire.
Par Anis Djaad
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