dimanche 25 octobre 2009

Service public

Du temps de l’édification du socialisme spécifique, du centralisme «démocratique» et du parti unique, tous étaient unanimes: les institutions devaient être au service du citoyen et de l’idéologie dominante sous la conduite éclairée du grand timonier qui était à la barre du «Titanic». Ceux qui étaient contre cette vision monolithique étaient traités de suppôts du colonialisme et de l’impérialisme quand ce n’était pas des réactionnaires ou des fous bons pour la camisole.

Et de toutes les institutions visées, la télévision entretenait des polémiques sans fin dans les débats publics ou privés. Le petit écran devait-il être au service de la grande masse ignorante et analphabète ou simplement au service d’une élite intellectuelle? Devait-il servir à informer et à éduquer un peuple tout juste sorti de la nuit coloniale (il y a de ces formules qui vous laissent baba!

Quand on pense à la comparaison qu’on peut faire entre la nuit coloniale et les ténèbres de l’intégrisme!) ou simplement être au service de l’équipe dirigeante, être un outil de promotion des «réalisations» du régime avec un mince alibi du divertissement? Tout cela pour dire que la télévision est un jouet dangereux qu’on ne peut laisser aux mains des démocrates, ceux-là mêmes qui veulent montrer la vérité toute nue à un peuple qui n’est pas préparé à cela.

Les yeux habitués à l’obscurité aveugle ne peuvent supporter l’éblouissement aveuglant de la vérité. C’est la raison pour laquelle, les régimes du Tiers-Monde s’empressent de tenir le monopole d’une chaîne de télévision et quand, sous des pressions extérieures ou pour des questions de prestige, ils consentent à en créer d’autres, ce ne sont en général que de tristes clones de l’Unique.

Et pendant que les citoyens des pays développés ont l’embarras du choix des chaînes, le sujet du Sud égrène tristement son ennui devant un écran terne et sans joie. Mais est-ce à dire que la télévision est un service public neutre et objectif dans les pays dits démocratiques? Si l’on observe la qualité des débats politiques ou philosophiques, les polémiques soulevées à propos de tout et de rien, des frasques des gens du pouvoir ou des délits des gens du commun, on ne peut faire abstraction de tout l’arsenal de la rhétorique qui consiste à édulcorer les actions de certains par d’habiles euphémismes ou à obscurcir le trait des autres par une insistance douteuse.

C’est cette inégalité de traitement qui fait la différence entre les gens inféodés au pouvoir et ceux qui sont dans l’opposition. C’est la raison pour laquelle les responsables sont pointilleux quant au choix des directeurs, des journalistes et des animateurs d’émission. Parmi ces derniers, les préférés sont ceux qui caressent dans le sens du poil.

Celui qui est passé maître dans cet art et qui bat des records de longévité sur le petit écran, c’est évidemment Michel Drucker, personnage assez sympathique au premier abord. Il vient d’offrir une planche de salut dans sa dernière émission de Vivement dimanche à une personnalité du monde de la culture, qui, en d’autres temps, aurait passé pour un personnage au-dessus de tout soupçon s’il n’avait commis dans son livre La Mauvaise vie, des passages mal appréciés par une grande partie de l’opinion publique et c’est l’opposition qui a commencé à tirer à boulets rouges sur le personnage controversé, d’autant plus que le neveu de Mitterrand a été récupéré par l’habile Sarkozy qui lui a offert le portefeuille de la culture.

Ce n’est pas par hasard si Michel Drucker l’invite à Vivement dimanche pour lui permettre d’emboucher la trompette et de faire résonner la grosse caisse pour se défendre et vilipender en même temps ses détracteurs. Des invités de choix viendront lui passer la pommade tandis qu’un reportage rapidement bricolé, fera état d’une journée «chargée» du ministre de la Culture. Sans oublier que ce ministère est un commanditaire potentiel important, on peut douter à juste titre du service public de France2.

Selim M’SILI

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