lundi 7 septembre 2009

Quelle place pour la fiction sur l’Entv?

«Il y a le visible et l’invisible. Si vous ne filmez que le visible, c’est un téléfilm que vous faites.»
Jean-Luc Godard

Depuis quelques années, la Télévision algérienne s’est spécialisée dans les feuilletons, les émissions et les sketchs en tout genre. Et le plus grand recul dans la production a été constaté dans la fiction. Aucun film de fiction n’est produit à 100% par la Télévision algérienne et cela depuis le téléfilm de Amin Kaïs Les rues d’Alger, produit par la boîte d’un ancien DG de la télévision Zemzoum, le décevant Les vacances de l’apprenti de Benamar Bekhti ou encore les téléfilms sociaux de Fatima Belhadj avec le duo Souileh et Bouakaz.

Quand aux autres films coproduits par l’Entv, ils attendent toujours d’être diffusés sur l’Entv, c’est le cas notamment du film El Manara de Belkacem Hadjadj ou encore les derniers films de Merzak Allouache, Bab el web ou Bab El oued City. Curieusement, ce recul dans la fiction, intervient en l’absence des entreprises cinématographiques et audiovisuelles, telles que l’Enpa ou le Caiic.

De nos jours, la majorité des films de cinéma sont soutenus ou financés par les télévisions. Canal+ coproduit plus de 150 films par an, France télévisions et ARTE, plus d’une cinquantaine, alors que la chaîne marocaine la 2M, produit plus de 14 téléfilms par an en plus des films que le CMC (Centre marocain du cinéma) produit. La Télévision nationale qui a produit des joyaux du cinéma algérien comme Nahla de Farouk Beloufa, accorde pourtant plus d’un milliard de centimes, un peu à la hauteur du Fdatic issu du ministère de la Culture, et cela comme aide et soutien à un long métrage. Alors que les téléfilms sont financés à hauteur de 500 millions de centimes.

Mais le plus grand problème à l’Entv, est de trouver de bons scénari et surtout une commission de lecture qui juge à sa juste valeur le produit. Une commission de lecture toujours anonyme et discrète, installée du temps de HHC et qui ne révèle jamais les raisons du refus des scripts. Pour le moment, seul le film de Djaâfar Gassem sur les harraga a eu le feu vert de la dite commission.

Une production nationale inexistante, une commission de lecture lente et intransigeante. Pour le moment, la Télévision nationale profite de productions réalisées dans le cadre de la manifestation «Alger, capitale culture arabe 2007», pour remplir son programme annuel. Mais devant l’absence de soirées divertissantes, l’Entv est obligé de puiser dans son tiroir pour faire sortir les anciennes productions de l’Inspecteur Tahar, de Rouiched ou encore Hassan el Hassani.

En achetant les quelques téléfilms juste moyens avec 100 millions de centimes, soit 10.000 euros, L’Entv encourage la médiocrité et la mauvaise qualité à s’installer sur l’Unique. A cette crise de la production, s’ajoute une absence totale de la gestion de la thématique du cinéma et de la fiction. Ainsi il y a plus d’émission ciné-club, qui offre ou propose des films algériens avec débat comme le faisait si bien Ahmed Bedjaoui dans les années 70-80.

Il n’y a aucune thématique proposée par l’Entv comme le font si bien les grandes télévisions: cycle Allouache, cycle Mohamed Chouikh ou encore cycle Mohamed Lakhdar Hamina ou Chahine. La programmation est présentée au gré des événements, des occasions inspirées du calendrier, et du départ parfois précipité des cinéastes algériens oubliés.

Amira SOLTANE

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