lundi 7 septembre 2009

La guerre des seringues

Il ne se passe plus un mois sans qu'une crise politique ne vienne secouer la province chinoise du Xianjiang. Décidément, la majorité musulmane ouïgoure et le groupe des Hans, dominant à travers l'empire du Milieu, ne sont pas faits pour s'entendre. Cette fois-ci, le fil conducteur n'a pas été des plus ordinaires. Plutôt, étrange.

Aux dires des Hans, leurs ennemis ont perpétré de mystérieuses attaques à l'arme plume : des seringues infectées de virus. Les victimes de ces prétendus assaillants en blouse blanche ont été piquées à vif mais les forces de l'ordre ont frappé plus fort et plus vite que le virus. Cinq morts. De vieilles rancœurs ancestrales seraient-elles à l'origine de ce désordre dans l'ouest de la Chine ?

Celle-ci s'accommodera-t-elle de la version qui met en avant une bande de délinquants qui auraient contaminé pas moins de 500 personnes ?

Le pouvoir central à Pékin sait de quoi il retourne dans la province du Xinjiang. Sinon, il n'aurait pas sacrifié le secrétaire général du parti communiste au nom de l'apaisement général. Mais faire sauter le commis-fusible après 25 ans de bons et loyaux services n'est pas pour remettre de l'ordre de manière définitive.

Si sur la place rouge, les autorités sont persuadées qu'il s'agit bien du prolongement des sanglants troubles du 5 juillet, qui prouve qu'il n'y aura pas d'autres dans l'avenir une fois l'émeute actuelle contenue ?

La campagne lancée par Pékin contre les nationalistes ouïgours, en particulier contre la présidente du Congrès mondial des Ouïgours (exilée aux Etats-Unis après des années de détention en Chine), ne ressemble en rien à un coup de grisou au fond d'une mine.

Tout comme son allié objectif russe par rapport à l'ébullition quasi permanente dans le Nord Caucase, la Chine sait ô combien le séparatisme de cette espèce peut être déstabilisateur.

Déjà que ledit voyage humanitaire du dalaï-lama à Taïwan n'a pas beaucoup été apprécié, Pékin conjecturant un torrent politique que le saint patron bouddhiste a voulu réussir.

Parce qu'il faut dire que l'été chinois a été plutôt doux-aigre. Bien avant que Pyongyang n'affirme être parvenu à la dernière étape dans l'enrichissement de l'uranium, Pékin avait demandé à l'Amérique d'Obama de mettre rapidement fin à ses manœuvres maritimes conjointes avec Séoul.

C'est dire que la Chine reste sur ses gardes, nul n'est à l'abri d'un coup - démocratiquement foireux - qui menacerait son pouvoir central.

Il n'a pas à scruter bien loin pour constater que l'opposant iranien Moussavi a dû se remettre derrière son pupitre pour tenter de canaliser la vague verte en totale perdition. La lettre envoyée par Barack Obama à Mohamad Khatami aurait-elle eu un effet incitateur sur la personne de Moussavi ? De pareils mouvements qui s'essoufflent mériteraient encouragements.

Anis Djaad

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