jeudi 3 septembre 2009

Emeutes!

Plusieurs régions du pays ont été le théâtre, ces dernières semaines, d’émeutes plus ou moins sérieuses, de la part d’une population excédée par la mal-vie induite autant par la cherté de la vie, le chômage que par le manque de logements. Les rassemblements devant les sièges des communes sont devenus récurrents mettant de plus en plus les autorités sur la défensive, qui ne savent plus par quel bout prendre ce problème et comment désamorcer ces petites bombes à retardement qui essaiment, singulièrement, dans nos campagnes délaissées par les pouvoirs publics. De fait, le décalage entre les agglomérations urbaines - qui n’arrivent plus à absorber le flot des personnes qui fuient les zones rurales - et la campagne est aujourd’hui flagrant pour feindre encore de l’ignorer. Le retard de développement de la campagne algérienne est patent.

Aussi, il n’y a pas lieu de s’étonner que les populations, en l’absence d’écoute des autorités publiques et/ou communales, usent du seul moyen de se faire entendre qui leur soit disponible: l’émeute. C’est le cas dans les toutes dernières émeutes. Mais le dénominateur commun de ces explosions sociales cycliques reste indubitablement la pauvreté. Il ne sert à rien de s’en cacher ou de se voiler la face pour ne point voir cette réalité sociale bien réelle. C’est vrai, un ministre de la République a affirmé, benoîtement, qu’il n’y avait pas de pauvres en Algérie. Un autre ministre de la République s’est chargé toutefois, de le détromper en affirmant qu’il a été recensé 1,2 million de familles dans le besoin.

Ce qui équivaut globalement à six millions de personnes, dans le meilleur des cas, voire huit millions de citoyens démunis en Algérie. C’est beaucoup, énorme même, pour un pays qui se targue de disposer d’un matelas de 150 milliards de dollars. Le fait que chaque Ramadhan, le ministère de la Solidarité nationale s’astreigne à la «distribution», souvent médiatisée, de «vivres» aux familles démunies, en dit long sur le concept qui est celui des pouvoirs publics quant à la manière de trouver une solution à ce problème social qui perdure qui, en fait, pénalise plus qu’elle n’aide, les familles dans le besoin. D’autant plus que l’Islam recommande de faire le bien dans la discrétion. Ce qui n’est pas toujours le cas.

En effet, puisqu’il existe une liste des «ayants droit», pourquoi ne pas leur avoir distribué à l’avance, avant le début du Ramadhan, les rations que l’Etat leur alloue pour, à tout le moins, éviter ces afflux des familles au siège des APC et les tensions induites pour la réception de leur «couffin» du mois de jeûne. Or, on dit ici et là que ce ne sont pas toujours les vrais pauvres qui reçoivent leur dû.

Ce qui, semble-t-il, a incité les services d’activité sociale au niveau des communes et des wilayas à effectuer des investigations sur les personnes ayant bénéficié indûment de couffins de Ramadhan. Pourtant, les pauvres existent, mais ceux-là, il est vrai, ne sont pas visibles, même s’ils sont très nombreux. Normal, ils n’ont ni porte-voix ni organisation.

Ce qui sans doute explique qu’en dernier appel et en désespoir de cause, ces vrais laissés-pour-compte recourent à l’émeute, comme cela a été le cas récemment dans de nombreuses wilayas. «ô couffin sans fond, combien de mains te faut-il pour te soulever?», chante la grande diva kabyle, Malika Domrane, pour une offrande qui ne semble pas, néanmoins, destinée à ceux qui en ont le plus besoin en ces jours de Rahma.

N. KRIM

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