jeudi 3 septembre 2009

Calculs obligent…

Des mois que le secrétaire général de la Ligue arabe n'a pas montré le bout de son cigare. C'est fait, Amr Moussa a dit son haut-le-cœur. Non pas à propos de Shimon Pères, la colombe qui s'entête à construire son nid sous le toit d'une colonie à Al Qods est.

Le secrétaire général des Vingt-deux s'est jeté dans la mêlée sans même attendre que la République islamique d'Iran réussisse sa médiation entre la Syrie et l'Irak. Amr Moussa sait ce qu'il avance, le régime de Téhéran se mêle trop de ce qui ne le regarde pas.

L'Egyptien propose que les pays arabes, concernés ou non par les ingérences iraniennes, se mettent autour d'une même table et regardent les mollahs dans le blanc de l'œil.

En s'attaquant frontalement aux héritiers de la vieille Perse, Amr Moussa s'exprimerait-il au nom de l'ensemble des sunnites du monde arabe qui, disons-le franchement, n'aspirent pas du tout à s'incliner devant le guide suprême, Ali Khamenei, ni à admettre demain une suprématie régionale qu'imposerait le monde chiite.

Qu'il sente bon au mauvais, la rose ou la poudre, dans les pays que le secrétaire général de la Ligue arabe n'a pas cités nommément, rien de sorcier à les deviner, les mollahs doivent cesser d'y fourrer leur nez. Ils auraient plus à y gagner en s'y fourguant le moins possible, leurs moindres faux pas post-présidentielle sont comptabilisés un à un.

Et ce n'est pas parce que l'autre Egyptien, le directeur de l'AIEA, n'a pas été assez sévère récemment à leur encontre (trop complaisant selon Tel-Aviv) qui leur offrira avantage. Car une République islamique d'Iran qui fait savoir son espoir de reprendre de nouvelles négociations sur son nucléaire à la veille de la réunion des Six et après tant de stagnation n'est pas pour berner Washington et ses alliés.

Eux qui attendent réponse à leur plate-forme de propositions depuis de longs mois. La charmeuse demande de la Russie, quant à l'adhésion de son allié iranien dans le système de sécurité énergétique de l'Europe, devra être fortement appréciée par les mollahs mais cela risque de ne pas être le cas chez les Occidentaux.

Qui d'Angela Merkel qui reste confiante dans la victoire de la CDU aux prochaines législatives, de Nicolas Sarkozy qui n'arrête pas de contempler la baie de la Rochelle et de Barack Obama qui a une migraine rien que de penser à sa réforme de l'assurance-maladie, aura le courage de décevoir le colon pèlerin Netanyahu ? Lui qui n'espère pas moins qu'un durcissement des sanctions contre la République islamique d'Iran.

La pochette surprise, dont le modèle déposé n'a pas été reçu officiellement par aucun des destinataires intéressés, ferait gagner au mieux à ses ficeleurs un peu plus de temps. Puisqu'il est vraiment peu probable que les mollahs évitent de monter sur l'échafaud.

Et c'est juste pour le fait qu'ils s'obstinent à défoncer le club privé des puissances nucléaires. Tout comme l'Egyptien Amr Moussa, les Occidentaux ne supportent plus de voir les mollahs partout où ils regardent. En Irak, où ils sont accusés de «manipuler» leur allié syrien pour faire émerger leurs intimes du bloc chiite irakien, le comble du paradoxe au regard des sunnites.

Au Liban, où Damas n'aurait plus grand-chose à faire. Le Hezbollah chiite, désigné pour être le bras armé de l'Iran, est capable seul de bloquer la formation d'un gouvernement d'union nationale. En territoires palestiniens occupés, où le djihad islamique ne serait plus la seule organisation armée affiliée à Téhéran, le Hamas bénéficierait de la bonté de ses autorités.

Ne serait-ce que pour répondre à cet inventaire, les Occidentaux se ligueraient au diable pour démontrer qu'il n'y pas que le nucléaire et les contestations post-élections qui sont susceptibles de renverser un régime. Menaces lourdes contre l'un de ses alliés et sanctions renforcées peuvent aussi être concluantes.

Anis Djaad

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