jeudi 3 septembre 2009

Le thermalisme pour «guérir» le tourisme

Les Algériens n’ont jamais eu avant l’Indépendance des habitudes de vacances au bord de la mer. Pour changer d’air et se retrouver dans une atmosphère de détente et de bien-être, ils avaient les sources thermales.

Le sujet que nous avons choisi cette semaine sera toujours d’actualité tant que le gouvernement n’aura pas entamé le chantier qui s’impose. En plus, il s’agit de tourisme et dans quelques jours il n’intéressera pas grand monde.

Alors vite, parlons-en. Donc et quelques jours avant le début du mois de Ramadhan, notre ministre du Tourisme a subitement décidé de se rendre à la station thermale de Hammam Righa dans la wilaya de Aïn Defla. Pourquoi subitement? Depuis qu’il a en charge le tourisme, M. Rahmani n’a pas donné l’impression d’être porté sur le thermalisme. Pourtant, à l’origine, c’était la première destination touristique des Algériens. C’était même la seule destination des Algériens avant l’Indépendance pour se «laver les os».

Il ne fallait pas être spécialement malade pour s’y rendre. Le thermalisme à l’époque c’était un peu comme le «chih» cette plante qui guérit tous les maux et que les Algériens prenaient en toute occasion. Petit arrêt sociologique tout de même: chacun sait que les Algériens ont été repoussés par la colonisation vers l’arrière-pays. Loin de la façade maritime. Que pouvait-il y avoir comme lieux de loisir dans le pays profond? Pas de stations balnéaires pardi! Elles étaient toutes réservées aux seuls colons. C’était donc les thermes. Notre pays compte près de 300 sources thermales dont une cinquantaine ont été aménagées en stations régionales et seulement 8 supposées d’envergure internationale. Une mine d’or laissée en jachère. L’unique étude de marché à effectuer pour s’en convaincre est un rapide retour sur notre histoire.

Comme précisé plus haut, les Algériens n’ont jamais eu avant l’Indépendance des habitudes de vacances au bord de la mer. Pour changer d’air et se retrouver dans une atmosphère de détente et de bien-être, ils avaient les sources thermales. Les plus célèbres d’entre elles sont Hammam Bou Hanifia, Hammam Righa, Hammam Mélouane, Aïn Skhouna, Hammam Rabbi, Hammam Essalhine, Hammam Meskhoutine, etc.

C’est là que les familles algériennes se rendaient pendant l’occupation coloniale. C’était leur sempiternelle et immuable destination touristique. Tout un rituel accompagnait tant le déplacement que le séjour. Le départ se préparait soigneusement dans un air de fête. Les plus fortunés louaient une voiture, d’autres devaient se contenter de l’autocar. Ce qui n’était pas facile vu qu’il fallait prendre le maximum d’effets avec soi. Des marmites jusqu’aux couvertures. Un peu comme pour le camping aujourd’hui. Même parmi les stations thermales les plus connues et dans le meilleur des cas, on ne pouvait espérer trouver plus que la location de chambres nues.

Une fois sur place et en plus du rituel plongeon dans l’eau de la source, il n’était pas rare d’assister à des sacrifices de poulets ou d’ovins, voire de bovins dans certains cas. Cette parenthèse d’histoire était nécessaire pour expliquer que le gouvernement n’a que trop tardé pour miser sur le thermalisme pour promouvoir le tourisme national. Il est quasi certain qu’une politique de développement du thermalisme dans notre pays aura plusieurs retombées positives. Au-delà du taux de remplissage garanti et de la création d’emplois inévitable, cela permettra de fixer une bonne partie des Algériens qui cherchent à l’étranger ce qu’on ne veut pas leur donner chez eux. Cela libérera aussi les complexes balnéaires pas vraiment compatibles avec notre tradition et nos habitudes. Lesquels complexes pourront alors être repensés comme produits à l’international. Chez nos voisins, au Maroc comme en Tunisie, ce sont les étrangers qu’on installe au bord de la mer. Avec les mêmes raisons nous agissons pourtant différemment.

Près d’un demi-siècle pour se «réveiller» et pour qu’un de nos ministres daigne s’intéresser à ces sources chargées d’histoire et de magie. Tant pis pour le temps perdu, car il ne sert à rien de se lamenter. Il faut cependant faire de sorte à mettre les bouchées doubles maintenant qu’on semble avoir compris où se trouve le plaisir des Algériens. Pourquoi pas dès les prochaines vacances? Au moins pour quelques-unes des sources. La solution du décollage du tourisme en Algérie est là.

Zouhir MEBARKI

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