jeudi 3 septembre 2009

Chavez, le dernier des révolutionnaires

«Fléau de l’oligarchie et héros des pauvres», n’importe quel petit peuple d’un Etat où qu’il serait situé n’entretiendrait que ce rêve consistant à avoir, un jour, le candidat à une consultation populaire majeure (présidence) porteur d’un tel slogan de campagne.

Hugo Rafael Chàvez Frias l’a fait, même si entre-temps il a dû passer par ce qui est qualifié par «l’Occident», relent d’exotisme oblige, de tentatives avortées de pronunciamiento. Son désir d’entamer une révolution, sa révolution prenait le pas sur toute démarche rationnelle aux yeux de ses proches en ce sens que l’amour de la patrie, voire celui des autres nations du continent le tenaillait comme cela a été le cas trois siècles plus tôt par Simon Bolivar, émancipateur en puissance des populations des colonies espagnoles.

Dès lors et durant deux jours, l’Algérie ne pourrait que s’enorgueillir de la présence sur son territoire d’un homme politique mortellement anticonformiste et dont la particularité reste sa distance par rapport à toutes les accointances possibles et inimaginables avec le politiquement correct. Et ce pour la simple raison que sa très forte personnalité s’inspire et appuie sur les suivants très forts principes théologiques «…parmi les éléments qui pourraient définir le socialisme du XXIe siècle, je dirai que la première est l’élément moral… le Che a beaucoup écrit sur la morale socialiste… Quelle que quoi soit la vision du monde que l’on a, il faut nous réapproprier le sens éthique de la vie… Aimez-vous les uns les autres ou aimez votre prochain», pour conclure qu’il faut lutter «…contre les démons que le capitalisme a semés : l’individualisme, l’égoïsme, la haine, les privilèges».

Le paradoxe de la situation est que cette apologie de la morale est battue en brèche, à tort ou à raison, par ses détracteurs dont les porte-paroles des droits de l’homme, une partie de la presse, quoique cette dernière présente des signes évidents de partialité acquise à l’opposition au «camarada presidente». En fait, tout plaide pour que ses détracteurs fournissent à l’opinion internationale l’image d’un agité politique… un fou furieux…

potentiel déstabilisateur du continent comme cela a été le cas, il y a quarante ans, pour Salvador Allende et à un degré moindre Omar Torijos. Pouvait-il en être autrement dès lors que Hugo Chavez prenait la décision de nationaliser les terres en friche des riches propriétaires et les redistribuer aux plus pauvres, ceux-là même ceux qui en avaient effectivement besoin et surtout le désir de les travailler, la mise en place de système de financement aidant à la création de microentreprises, l’interdiction des cultures OGM, celle de la pêche intensive et donc la protection de la biodiversité, la nationalisation tous azimuts de pans entiers de l’économie nationale (banques, télécommunications, électricité, pétrole, lait, ciment, aciéries, etc.).

Qui parmi les Algériens ne voit-il pas en Chavez la réplique d’un Houari Boumediene bouleversant en son temps les rapports Nord-Sud jusqu’à modifier des règles du jeu immuables et consacrer de nouveaux rapports basés sur le respect mutuel entre les Etats réputés forts et ceux sous-développés et/ou émergents.
En affirmant en 2008 que «les Farc [terroristes et preneurs d’otages pour l’opinion mondiale] ont un projet politique», et insister auprès des gouvernements

latino-américains et de l’Europe de les retirer (avec l’ELN la guérilla colombienne d’obédience guevariste) de la liste des groupes terroristes, il rejoignait incontestablement le défunt chef d’Etat algérien lequel, pour sa part, face aux plus puissants Etats du monde, alignait l’Algérie aux côtés d’une «Palestine… oppresseur ou opprimée».
Hugo Chavez, personnalité politique plébiscitée par les pacifistes et autres altermondialistes aura d’ailleurs été le premier et seul chef d’Etat étranger à s’impliquer dans le génocide commis à Ghaza en prenant la mesure radicale d’expulser l’ambassadeur… israélien.

En d’autres temps, le président vénézuélien, sans doute, n’aurait pas été fréquentable comme l’a été Castro, mais l’hypocrisie politique ambiante, les intérêts du capitalisme international font que les Grands ne peuvent que mettre sous le boisseau leur rejet épidermique d’un empêcheur de tourner en rond dont le seul tort est d’aimer son pays, le continent auquel il appartient. Un empêcheur de tourner en rond que l’Algérie accueille fièrement sur son sol.

A. L.

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