jeudi 3 septembre 2009

Cinéma d’expression amazighe, vivement la qualité !

Aprés l’effervescence ayant très longtemps accompagné chaque nouvelle sortie de films d’expression amazighe, le public semble dépasser cet élan “sentimental” pour exiger beaucoup plus qu’un simple texte joué dans un style théâtral. Le public veut plus, la qualité. La Colline oubliée sorti en 1997 après des balbutiements et autres rebondissements qui ont failli la classer dans les profondeurs de l’oubli, devait tracer le chemin à ceux qui voyait dans le 7e art un autre outil, un moyen pour faire avancer la langue berbère vers les horizons de l’universalité, car celui-là pouvait bien véhiculer toute la richesse d’une langue, d’une culture qui n’a malheureusement pas eu ce qu’elle mérite des décennies durant.

Ce film, adaptation de l’œvre immortelle de Mouloud Feraoun, réalisé par Abderahmane Bouguermouh, a été une grande réussite à tous points de vue. D’abord par l’aspect purement cinématographique dont les techniques ont permis au texte de recréer fidèlement l’ambiance originale ainsi que les traditions dans un contexte d’un village kabyle. L’oeuvre originale de Bouguermouh a surtout suscité autour d’elle un long débat, un grand intérêt au double plan national et international dont l’épicentre n’était autre que le droit de la langue berbère au respect. Elle a surtout montré que cette culture millénaire pouvait, de la meilleure, dépasser l’oralité dans laquelle elle s’est engouffrée.

Cette réalisation avait été, souvenons-nous, le facteur déclencheur d’une réelle dynamique donnée naissance à plusieurs films, œuvres de réalisateurs compétents. De La Montagne de Baya de Azzedine Meddour à Machaho de Belkacem Hadjadj en passant par Mimezrane de Ali Mouzaoui, le cinéma d’expression amazighe a accompagné l’évolution de la société dans son combat qui imposait d’autres moyens de lutte, beaucoup plus pertinents dans un contexte où la langue berbère était, il l’est toujours, dans le besoin d’ébaucher des perspectives orientées vers la création répondant aux normes afin de se hisser au-delà de l’oralité.

Cependant, l’on constate, non sans amertume, que l’amateurisme a pris place ces dernières années où s’autoproclamer réalisateur ou comédien n’est plus un acte isolé. La déferlante des produits cinématographiques taiwan gagne un secteur qui pouvait pourtant mieux donner à la culture berbère. De même que la chanson kabyle gangrenée par des “arrivistes” qui en font un fonds de commerce, le cinéma d’expression amazighe risque de sombrer dans la médiocrité.

Et pourtant la naissance d’une télévision amazighe et l’institutionnalisation d’un festival de cinéma d’expression amazighe est justement un prélude pour que ce domaine revienne, enfin, à tous ceux, parmi les professionnels, qui nourrissent l’espoir de servir et non pas se servir de la culture berbère. Il est d’ailleurs temps que le cinéma d’expression amazighe entame une nouvelle ère en endiguant les adeptes de la folklorisation excessive des œuvres qui doivent revenir à l’originalité d’une langue, d’une culture. Cela y va de sa pérennité.

Par Omar Zeghni

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