jeudi 29 octobre 2009

Si jeunesse pouvait...

La foi soulève les montagnes! Cette vieille expression illustre la puissance de l’idéal à soutenir les efforts de celui qui cherche à atteindre un but. Il suffit de croire qu’on y arrivera et toutes les peines, les fatigues, les obstacles deviennent dérisoires! C’est le coup de rein du cycliste qui, dans un suprême coup de pédale, se donne l’élan nécessaire pour gravir la côte qui le mènera au podium, c’est le coup de pinceau du peintre qui tire la langue pour achever son immense fresque, ou c’est l’ultime effort de l’alpiniste qui met toutes ses réserves d’énergie dans le dernier degré de l’escalade qui lui fera prendre pied dans l’anfractuosité providentielle qui lui permettra d’éviter le vide vertigineux qui s’ouvre sous ses pieds...

La jeunesse est l’âge idéal où toutes les chances de succès sont réu-nies: la forme physique, l’espérance propre à cet âge-là qui n’a pas encore connu les désillusions. Ce sont toutes ces raisons qui font que les partis politiques (en général menés par de vieux roublards) misent tout sur la jeunesse. On les mobilise, on les forme, on les recrute et on les fait travailler (pour ne pas employer le terme «exploiter» qui renvoie à cette situation triste où celui qui travaille n’engrange pas les fruits de son labeur). Alors, il ne faut pas s’étonner de découvrir au détour d’un article ou d’une anecdote, les exploits de cette frange de l’humanité qui bouscule la génération d’avant.

Ainsi, l’oeuvre monumentale accomplie par des jeunes sur le flanc de la colline de Benflag (un nom prédestiné) qui surplombe la localité de Rouached, entre Mila et Ferdjioua, n’est-elle pas à mettre dans la large gamme des potentialités d’une jeunesse qui ne demande qu’à s’exprimer et à produire. Dessiner un grand drapeau national qui tapisse la largeur d’un pan de la montagne (une réalisation qui fera certainement plaisir au secrétaire d’Etat à la Communication, M.Mihoubi et qui titillera sa fibre patriotique sans qu’il ait à débourser lui-même, un dinar du Trésor public, est un exploit quand même à saluer en cette fin de mois d’octobre, quand les têtes grisonnantes se mettent à se remémorer l’ambiance de Novembre 54 et des années qui suivirent...

L’information transmise par la presse ne précise pas, hélas! les conditions dans lesquelles ce travail titanesque a été fait: la durée, les moyens, les financements. Il serait intéressant, pour cerner le sujet, de savoir dans quel cerveau fécond cette idée a germé et connaître enfin le cheminement de cette initiative et son aboutissement qui honore cette région du pays qui a connu les affres de la répression coloniale. C’est un exemple de la volonté, qui est donné à tous les jeunes qui s’appuient tous les jours à un mur, à contempler du matin jusqu’au soir la colline qui se déboise au fil des étés, et qui deviendra chenue au bout de quelques incendies d’origine douteuse...

Boumediene avait de la suite dans les idées quand il avait confié à la jeunesse, encadrée bien sûr, de dresser le Barrage vert et de tracer la Transsaharienne. C’était, il y a bien longtemps, avant que nos trottoirs ne soient encombrés par le marché informel et l’atmosphère polluée par les pneus enflammés sur les voies publiques et les gaz lacrymogènes. Avant Berriane ou Diar Echems!

Selim M’SILI

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