«Grande est notre détermination à lutter contre la corruption sous toutes ses formes et ses manifestations. […] La justice et les lois de la République seront appliquées à toute personne reconnue coupable de faits de corruption […].» C’est ce qu’a déclaré hier le président de la République à l’occasion de l’ouverture de l’année judiciaire à propos de la corruption, fléau contre lequel il s’était engagé devant les citoyens, lors de sa campagne électorale, à mener la lutte. Il est vrai que, en tant que premier magistrat du pays, il sait que la plupart des Algériens ont perdu confiance parce qu’ils constatent quotidiennement de nouveaux signes ostentatoires de richesse chez des responsables, notamment dans leurs communes, lesquels, il y a peu de temps, n’avaient pas les moyens de s’offrir le luxe qu’ils se permettent présentement.
Dès lors, tout discours sur la justice, l’équité et l’égalité des chances est battu en brèche. L’Algérie a été l’un des premiers pays à signer et à ratifier la convention internationale de prévention et de lutte contre la corruption. Elle a même adapté sa législation en promulguant, en 2006, une loi dans ce sens qui institue une structure chargée de prévenir ce fléau. Cette structure n’a pas encore vu le jour en dépit des rappels du chef de l’Etat au gouvernement.
Des affaires de corruption ont certes éclaté au grand jour. Nous avons assisté à des procès qui ont défrayé la chronique, à l’image de ceux de Khalifa Bank et de la BNA. Cela reste tout de même insuffisant parce que d’autres affaires, étalées sur la place publique, sont apparemment mises sous le coude, comme celles des ex-walis de Blida et d’El Tarf, contrairement à l’ex-wali d’Oran, condamné par le tribunal criminel près la cour d’Alger, après un procès retentissant.
Ce qui laisse supposer dans l’esprit d’aucuns qu’il ne s’agit pas de lutte contre la corruption mais de règlements de comptes. C’est ainsi, encore une fois, que la confiance est ébranlée. La corruption, nous dit-on, est difficile à prouver. Qu’à cela ne tienne. Cependant, il existe des moyens de la déceler à travers la centralisation de la déclaration du patrimoine pour les agents publics et sa publication en toute transparence au Journal officiel, pour que, justement, les citoyens qu’on veut mettre à contribution puissent contrôler, du moins dans leur localité.
Les services des impôts ont les prérogatives, à travers les déclarations de revenus, qu’il serait judicieux de généraliser à l’ensemble de la population, de vérifier la véracité des faits. Cela, en plus de l’application du fameux principe : «d’où tiens-tu cela ?» au moindre signe ostentatoire de richesse. Peut-être que l’on arrivera, non pas à éradiquer le fléau, mais du moins à l’endiguer.
Car ses conséquences sont désastreuses et pour l’économie et pour le développement de tout pays. La corruption sape également les fondements mêmes de l’Etat de droit et mine les bases de la démocratie. Avec tout ce que cela implique également comme trafic de stupéfiants, d’armes, de financement du terrorisme et blanchiment d’argent. Reste cependant que la corruption est un mal moral.
D’où la nécessité de prendre le taureau par les cornes et décider d’en inculquer les méfaits dès l’école, mais aussi promouvoir la démocratie et les libertés, toutes les libertés.
Par Faouzia Ababsa
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