jeudi 29 octobre 2009

La justice, clé de l’Etat de droit

Une nouvelle année judiciaire débute en Algérie sur fond de scandales financiers récurrents alors que la corruption gangrène de plus en plus les institutions. Au même plan que la bonne gouvernance, pour ce qui est de la marche des affaires de l’Etat et du pays, la justice qui applique la loi, réputée au-dessus de tous, garantit l’Etat de droit.

Sans trop ratiociner sur la chose, il est patent qu’une bonne gouvernance judiciaire ne peut se faire à l’aune du deux poids, deux mesures, qui donne une image détestable de notre justice et la discrédite à l’étranger. Le fait que la justice britannique ait longtemps tergiversé - arguant du manque de garanties de son homologue algérienne - pour donner son accord à l’extradition de Abdelmoumène Khalifa, ou les hésitations de la justice américaine à extrader vers l’Algérie des prisonniers algériens de Guantanamo, sont exemplaires des suspicions qui collent toujours au dos de la justice algérienne, alors que nombreux sont ceux qui doutent de son indépendance.

Or, cette indépendance est garantie par la Constitution et qu’il appartenait au corps judiciaire, c’est évident, de faire respecter cette norme qui est la clé de l’Etat de droit. Les lois de la République appliquées - à tous - sans faiblesse, mais aussi sans excès, restent en vérité, l’incontournable processus pour que justice soit rendue sans que le prévenu soit jugé selon sa couleur ou appartenance sociale. La loi, bonne ou mauvaise, doit rester toutefois égale pour tous et demande à être appliquée sans autre interprétation.

Or, souvent on a vu la justice s’autosaisir pour des vétilles pour ignorer des affaires qui peuvent ébranler la stabilité de l’Etat. Combien de fois n’a-t-on pas vu la justice s’autosaisir de présumées affaires de diffamation tout en faisant l’impasse sur d’autres affaires autrement plus prégnantes. Pour dire qu’il ne saurait y avoir, dans un Etat qui se veut de droit, une justice à deux vitesses ou qu’elle soit utilisée à des fins extrajudiciaires.

Personne ne dit que c’est facile de rendre la justice, mais il est toujours patent d’appliquer la loi et uniquement la loi, les justiciables, quelle que soit leur situation dans la hiérarchie sociale, étant égaux face à la loi. Principe universel et indiscutable. Or, la multiplication des affaires de corruption et de malversation au détriment du Trésor public, où des milliers de milliards de dinars s’évaporent dans la nature sans autre suite, pose nombre de questionnements sur la célérité de la justice à agir en temps et lieu.

Evoquant hier, à l’ouverture de l’année judiciaire, «les actions de l’autorité judiciaire pour combattre les crimes de corruption», le chef de l’Etat a clairement affirmé: «Grande est notre détermination à lutter contre la corruption sous toutes ses formes et ses manifestations.»

A l’évidence, dès lors que la corruption atteint les sphères de l’Etat, quand ses hauts commis sont convaincus de dilapidation des deniers publics, l’affaire devient grave. La justice dans ce cas, ne peut plus se contenter de faire payer le lampiste et doit frapper ceux-là mêmes qui, par leurs agissements, mettent à mal la nécessaire confiance qui doit prévaloir entre les citoyens et l’Etat, censé les protéger, comme de protéger ses richesses, biens de la communauté nationale.

Trop d’affaires de concussion, qui pourtant ont fait ou font les unes de la presse nationale, sont demeurées en marge sans que la justice s’en saisisse, créant un certain malaise parmi les juristes et les citoyens. La justice et l’application des lois restent en fait la clé d’un Etat de droit. Ce qui ne semble pas toujours évident pour tous.

N. KRIM

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