jeudi 24 septembre 2009

Unesco : Hosni, le candidat de qui ?

Le résultat des élections au poste de DG de l’Unesco s’avère accidentellement symbolique : une vague diplomate bulgare bat un indétrônable hiérarque arabe. On ne sait pourquoi cela rappelle une histoire d’“infirmières bulgares”.

Si le tiers-monde a raté l’occasion de placer un de ses représentants à la tête de l’institution onusienne de promotion de l’éducation, de la science et de la culture, c’est d’abord par la manière dont il a été procédé au choix du candidat. La relative démocratie qui organise le fonctionnement des instances internationales a eu raison d’une culture de pouvoir autoritariste où le plus fort est toujours le plus légitime. L’élection de Farouk Hosni devait s’imposer comme le fait accompli d’une entente entre la Ligue arabe, l’Union africaine, les États-Unis et la France.

Paradoxalement, c’est une déclaration à caractère antisémite qui a fait échouer le candidat égyptien devant un siège préalablement acquis pour services rendus à la cause de la normalisation israélo-arabe. C’est de cette fonction que l’Égypte tire, en effet, l’essentiel de son attraction auprès des capitales occidentales.

Inamovible siège de la Ligue arabe et inamovible secrétaire général de la Ligue arabe, l’Égypte a bénéficié de la coprésidence de l’hypothétique UPM. Avec la direction générale de l’Unesco, elle devait donner un nouvel élan à son hégémonie diplomatique, aux frais d’une virtuelle entité arabe et d’une cause palestinienne que les stratégies ont fait tomber en désuétude.

Au demeurant, ni “le monde arabe” ni les puissances qui nous tiennent lieu de “communauté internationale” ne semblent perdre le sommeil pour les souffrances des Palestiniens. Les dirigeants palestiniens eux-mêmes ont désormais des priorités internes qui ont plus rapport au pouvoir qu’au recouvrement du territoire et de la souveraineté nationale.

Mal représentés à ces échéances, l’Égypte, le monde arabe ou le tiers-monde, comme on voudra, auront eu la suite que l’on sait malgré l’arrangement conclu avec quelques puissances. Cela veut dire que Sarkozy, même épaulé par Obama, ne peut pas tout imposer dans la sphère culturelle à laquelle il appartient.

L’Égypte s’est soulevée contre l’échec compréhensible de son candidat, plaçant l’incident sur le compte du “choc des civilisations”. Les peuples du tiers-monde, notamment ceux du monde arabo-musulman, sont ainsi embarqués dans une confrontation qui n’est pas la leur. Pourquoi devraient-ils, en effet, assumer une “civilisation” qui intégrerait l’inamovibilité des pouvoirs, la cooptation clanique et la répression de la liberté d’expression politique et culturelle comme élément de son identité ?

Farouk Hosni a occupé un ministère durant vingt-deux ans, assumé la censure éditoriale, défendu la répression des manifestations d’étudiants et voudrait avec un tel curriculum vitae représenter notre “civilisation”. Ne mériterions-nous pas que notre civilisation assimile les notions de démocratie, de liberté et d’alternance au pouvoir ?

Il y a peut-être un choc des civilisations, mais ses contours ne sont pas de type géographique ; ils sont de nature politique. Inutile de pousser des peuples enchaînés dans des luttes qui servent non les projets des nations, mais des desseins de régimes.

Par :Mustapha Hammouche

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