jeudi 24 septembre 2009

Suspicion!

Hier, les Nord-coréens, les Iraniens... Aujourd’hui, les Algériens. De quoi sommes-nous donc soupçonnés? De fabriquer la bombe nucléaire? Non, pas encore, mais d’avoir la capacité de le faire un jour. C’est du moins ce qu’estime un «expert», largement repris par les médias occidentaux, selon lequel l’Algérie est devenue «dangereuse» du fait qu’elle aurait les capacités, les «moyens» et le «matériel» pour ce faire. Alors que reproche-t-on à l’Algérie? Essentiellement sa capacité, laquelle certes reste à vérifier, qui lui permettrait à tout moment d’entrer de plain-pied dans le club très fermé des puissances nucléaires.

Et apparemment, cela fait peur. A qui? Sans doute que le questionnement devrait se poser autrement. Pourquoi vouloir, ou prétendre, interdire à l’Algérie - l’accès à la science et à ses ramifications et applications - ce que l’on trouve normal pour l’Allemagne ou le Japon, le Canada ou d’autres pays industriels occidentaux - ayant tous peu ou prou la capacité et les moyens de fabriquer la bombe nucléaire à tout moment?

Pourquoi ce qui est naturel et allant de soi pour d’aucuns, car allant dans le sens du progrès et du développement d’un pays, serait prohibitif pour nous? On n’a pas entendu cet «expert» ou ses collègues s’alarmer du fait qu’Israël - seul pays au monde qui n’adhère pas au processus du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP, en vigueur depuis 1968 et dont l’Algérie est partie prenante) - qui dispose de 200 bombes atomiques sans qu’aucune organisation internationale n’aient pu, à ce jour, contrôler son arsenal nucléaire, véritable danger mortel pour la planète, ne dérange, curieusement, nullement ces consciences si promptes à jouer au gendarme nucléaire.

L’Algérie doit-elle rester sur la défensive, comme si elle a quelque crime à cacher, ou expliquer continûment que son nucléaire est civil et pacifique face à la moue de nos censeurs? Disons-le net, le nucléaire pacifique c’est quoi? Toute recherche scientifique à caractère civil, aboutit à un moment ou un autre à la maîtrise de son application, y compris militaire. C’est surtout le fait que certains pays (pas tous notez-le) - pas totalement amis ou de confiance - puissent accéder à ce savoir-faire scientifique dans sa globalité qui inquiète.

L’Occident n’a-t-il pas proposé à l’Iran de procéder à l’enrichissement de son uranium pour peu que Téhéran abandonne sa prétention de maîtrise des étapes de la procédure nucléaire? Ok, «nous vous fournissons tout ce dont vous aurez besoin mais laissez tout tomber». Or, aucun article du TNP n’interdit de telles recherches. Ces interdits sont du seul fait des détenteurs du monopole du nucléaire qui ne veulent pas que ce savoir-faire et connaissances scientifiques soient partagés par d’autres pays qui ne sont pas sous contrôle.

Pour d’autres raisons, Israël, qui détient l’arme atomique, prétend interdire au monde arabe et musulman l’accès au savoir nucléaire, allant même jusqu’à décréter «zone stratégique» la région allant du Maroc au Pakistan. Aussi, sortir cycliquement des bobards sur le nucléaire algérien finit par fatiguer. Et puis, Alger doit-elle expliquer et/ou justifier à tout bout de champ ce qu’elle entreprend et fait dans un domaine, à ce que l’on sache, ouvert à tous? Aucun article du TNP n’interdit non plus aux pays arabes et/ou musulmans de faire des recherches poussées dans la science nucléaire et ses applications.

Les deux centrales nucléaires algériennes ont, à maintes reprises, été inspectées et contrôlées par l’Aiea (Agence de sûreté nucléaire de l’ONU), ce qui est loin d’être le cas pour nos censeurs occidentaux et israéliens. Faites ce que l’on vous dit, ne faites pas ce qu’on fait, ne fonctionne plus et n’intimide plus personne. L’Algérie dont les centrales nucléaires sont ouvertes à l’Aiea, n’a pas à justifier, pour un oui ou un non, la conformité de son nucléaire au TNP et face aux oukases de pays qui refusent le contrôle de l’ONU ou «d’experts» en mal de scoop.

N. KRIM

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