mercredi 16 septembre 2009

Ce port qui nous étouffe

“Il n’y aura pas de report (de la décision d’éloigner d’Alger le débarquement des véhicules).” Inauguré par le président de la République à propos de sa démarche de réconciliation avec les terroristes, c’est un style de communication officielle fait de bravade qui commence à constituer l’identité de la gouvernance nationale.

Le Chef du gouvernement vient d’illustrer cette promptitude à la défiance devant la contestation même la plus raisonnable. “Nous n’allons pas faire marche arrière”, a-t-il rétorqué, dès sa première apparition de la rentrée, au sujet de la loi de finances complémentaire pour 2009.

Ce réflexe de raidissement est plus significatif de l’embarras que de l’assurance de décideurs moins enclins à s’appuyer sur une démarche prospective qu’à tester des solutions improvisées. C’est certainement pour cette raison qu’ils commencent par déclamer la position de principe avant de recourir à l’argument de gestion.
La raison de “l’intérêt du pays” évoquée par Ouyahia, pour insinuer que les mesures introduites par la LFC sont indiscutables, commande en principe toutes les actions du gouvernement. Elle vaut pour quelque chose et son contraire. La preuve, cela n’a pas empêché le gouvernement de suggérer aux banques de pallier son erreur par des espèces de crédits-tampons.

De même, le problème des “700 millions de dollars que l’État algérien paie chaque année aux armateurs comme dédommagement aux bateaux qui restent en rade”, que soulève Amar Tou pour expliquer sa décision, justifie cette solution comme il en a justifié bien d’autres avant et qui ont échoué. De l’activité “sept jours sur sept”, présentée à l’époque par le ministre du Commerce à “la voie spéciale” imaginée par le ministre des Travaux publics, en décembre dernier, en passant par le travail de nuit…

Même la concession à Dubai World Port a été légitimée comme une solution de rationalisation de l’exploitation du terminal à conteneurs. Mais, apparemment, pour DWP, la démarche se limite à faire table rase de tout autre opérateur. à part cette déportation programmée des intervenants et des activités extra-conteneurs, le “plus” apporté en termes de fluidité du transit ne saute pas aux yeux.

Et pourtant, le ministre décide de refouler les marchandises non conteneurisées pour désengorger un port asphyxié par la lenteur du transit de conteneurs ! Il a manqué peut-être une politique d’aménagement pour dispenser le gouvernement d’un dispatching autoritaire, forcément coûteux, des marchandises importées sur les ports du pays. Il a toujours manqué un vrai plan de modernisation de la gestion du port d’Alger en particulier. Le développement, ce ne sont pas des enveloppes financières.

La mesure Tou paraît irréaliste. En attendant d’en connaître toutes les implications, on peut déjà en imaginer quelques-unes. Le surplus de transport routier peut devenir prohibitif pour certains articles. Le transport de voyageurs, socialement indispensable à notre émigration : c’est le transport pour le compte de concessionnaires qui permet à l’ENTMV une tarification étudiée pour les citoyens passagers.

Ou alors, en étouffant Alger et ses entreprises pour laisser respirer son port, s’agit-il d’essayer et de voir ensuite pour les dérogations ? Et ainsi rapatrier des activités réglementairement bannies du port d’Alger.

Par : Mustapha Hammouche

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