mercredi 16 septembre 2009

Un cadeau sous vide

Des mois que la voix du barbu le plus recherché au monde ne s'échappe plus par la cheminée de la grotte qu'il partage avec Ayman El Thawahiri. Les djihadistes s'attendaient à un cadeau explosif et ce sont des palabres auxquelles ils ont eu droit.

Quel gâchis ! Ben Laden leur avait pourtant promis une belle surprise. Aurait-il eu un quelconque contretemps qui justifierait sa haute trahison à l'égard de ses sujets sanguinaires ? Ceux qui ont rêvé d'un second 11 septembre sont forcément déçus, inconsolables. Ils ont dû se contenter d'un message audio d'Oussama, un mixage d'évidences ressassées et de fritures exaspérantes.

Rien de concret, l'orateur n'a pas annoncé une prochaine attaque du musée, flambant neuf, érigé à la mémoire des 3000 victimes du World Trade Center. Dommage, regrette-t-on dans les cercles djihadistes et à leur périphérie. Le respecté Ben Laden aurait dû parce qu'il n'avait pas grand-chose à leur souffler.

Car, si c'est pour rappeler que les attentats du 11 septembre sont une réponse appropriée au soutien indéfectible de Washington à l'Etat hébreu, même l'idiot du village est au courant.

Quant à demander au peuple américain de faire pression sur son gouvernement pour qu'il cesse son appui aveugle à Tel-Aviv, cela relève tout bêtement du ridicule. D'autant que le président Obama a affirmé en personne que les Israéliens sont souverains chez eux (en territoires palestiniens occupés) et qu'ils ont tout à fait le droit de prendre les décisions qu'ils jugent nécessaires.

A tel point que Benyamin Netanyahu amuse sa galerie sioniste en déclarant que la partie Est d'Al Qods n'a jamais été occupée. En des termes plus sérieux, il n'est pas question de geler la colonisation que cela plaise ou non à l'effacée communauté internationale.

Compter sur le peuple américain pour exercer d'éventuelles pressions sur l'administration Obama (le lectorat juif aux Etats-Unis a toujours voté démocrates) reviendrait à croire en la longue trêve que Ben Laden proposait aux néoconservateurs de l'ex-gouvernement républicain de W. Bush.

Mais si Ben Laden se dit déterminé à poursuivre sa guerre d'usure jusqu'à ce que l'Amérique s'effondre, à l'image de l'empire soviétique en Afghanistan, pourquoi demande-t-il au sauveur peuple américain de lui tendre la main ? Ne supporte-t-il plus sa vie d'homme des grottes ou se résigne-t-il à présent à haïr ce choc des civilisations qui, à bien réfléchir, n'a que trop duré ?

Le condamné à survivre à des années lumières de la civilisation se chercherait un corridor ultrasécurisé qui ne le conduirait pas droit vers la petite porte quoiqu'il soit conscient qu'un jour ou l'autre il devra en franchir le seuil. Dès lors qu'il n'a pas réédité son exploit barbare de 2001, les djihadistes lui en veulent-ils à mort ?

A force de réécouter ses diatribes, tantôt menaçantes tantôt conciliantes, ils finiront bien par comprendre que leur chef n'est plus en mesure de tenir ses plus modiques promesses et de ne plus pouvoir leur offrir de cadeaux.

Anis Djaad

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