mercredi 14 septembre 2011

Le patronat, pour quoi faire ?

La «tripartite» est pour la fin du mois. Encore une fois, rien n'indique que l'économie sera à l'ordre du jour, encore moins l'entreprise. Un économiste qui ne manque pas de lucidité disait, il y a quelques années, sur un ton dépité que l'Algérie était le seul pays où on ne parle jamais de l'entreprise. Dans l'espace où il s'exprimait, il aurait pourtant pu être question du sujet et même n'être question que de ça.

Dans la salle, il y avait de respectables capitaines d'industries, des experts qui ne manquent pas de compétence et de liberté de ton et des politiques qui n'ont pas la réputation de garder leur langue dans la poche. Paradoxalement, ce jour-là aussi, l'entreprise a suscité très peu d'intérêt parmi l'assistance qui avait pourtant applaudi à tout rompre le brave économiste désespéré qui a fini par lâcher en aparté que si on n'en parlait pas dans un espace aussi libre qu'éclairé, c'est qu'il n'y avait rien à dire sur la «question».

La tripartite aura lieu dans quelques jours, il ne sera pas (encore) question d'économie, encore moins d'entreprises et manifestement ça ne dérange pas outre mesure le patronat qui s'y prépare avec un énigmatique enthousiasme. Il en est ainsi de la Confédération des industriels et des producteurs algériens (Cipa). On ne sait pas si la «cession» de son conseil national, prévu dans quelques jours, est spécialement programmé pour discuter de la tripartite, mais on sait qu'il en sera largement question.

L'un de ses animateurs va même plus loin en déclarant que «le caractère social» de ce rendez-vous n'est pas fait pour décourager les opérateurs économiques qui vont évaluer les résultats de la précédente tripartite, pourtant aussi «social» que la prochaine, avant d'élaborer l’état des lieux et propositions. Pour l'état des lieux, on sait.

On n'a peut-être pas besoin d'être patron pour savoir que la situation n'est pas très brillante, qu'il n'y a aucune stratégie de développement cohérente et que «l'outil de production est bloqué depuis des décennies» en raison des problèmes qui s'accumulent et de l'«absence de solutions» !

On sait beaucoup moins pour les «propositions», mais on peut en deviner ce qu'on en fera. Il n'y a qu'à demander aux autres «partenaires sociaux» et aux représentants du gouvernement ce qu'ils attendent du patronat en l'invitant à ces «négociations». Et vous ne serez pas surpris d'apprendre qu'il ne sera question que de SNMG et de retraites. Et depuis quand, le SNMG, les autres salaires et les retraites sont-ils liés à la production et à l'entreprise pour que les patrons viennent en discuter ?

Slimane Laouari

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