vendredi 20 mai 2011

La balade des réformes politiques

Bensalah a commencé ses consultations, ses invitations, tout au moins, en vue de traduire les réformes politiques que se souhaite l’Algérie.
La mise sur pied de la commission traduit la soudaine volonté du Président qui, au milieu de son troisième mandat, a décidé de faire accéder le pays à un régime démocratique.
Lors de son dernier Conseil des ministres, Bouteflika a averti que les prochaines élections seront transparentes. Un peu comme pour mettre en garde le sérail qui doit, enfin, apprendre à s’accommoder du verdict des urnes.
Inutile de se poser la question de savoir pourquoi ce qui sera possible à partir de 2012 et les années suivantes, ne l’était pas depuis 1999. Il n’est jamais trop tard pour bien faire. Mais la nécessité de faire évoluer le système politique national et les changements que suppose cette évolution n’ont pas besoin d’être cherchés dans une consultation ciblée.
C’est vrai que la pression pour un changement politique n’est pas explicitée, étouffée qu’elle est par la répression et diluée dans une interprétation strictement sociale de la protestation. La méthodologie choisie par le pouvoir pour promouvoir les réformes politiques tend, elle-même, d’abord à lui faire gagner du temps. La promesse de démocratie n’est pas nouvelle pour qu’elle puisse revêtir quelque crédit et emporter quelque adhésion des forces qui appellent à la démocratisation effective de la vie publique. De plus, le pouvoir qui a durablement usé de la fraude, de la fausse promesse, de l’autocratie et de la répression se présente comme l’animateur de cette réforme.
De fait, il se retrouvera à se consulter lui-même, quitte à susciter la participation de sa traditionnelle clientèle qu’il présentera comme autant de contributions externes au régime. Les forces véritablement structurées avec les moyens de l’état, et l’autorité que leur confèrent leurs positions dans un paysage politique et social, dessiné par le pouvoir, seront seules à exprimer leur vision des réformes. Des réformes qui, nécessairement, doivent leur assurer la maîtrise de la décision et, in fine, du mode de répartition de la rente.
Car, enfin, bien faire, dans l’état actuel des choses, c’est commencer par soumettre l’action politique à la volonté populaire, par mettre fin à l’emprise de l’armée sur le contrôle des institutions, restituer les symboles de la Révolution, comme le sigle FLN, à la propriété collective du peuple algérien et par prohiber la fraude électorale.
La composition même de la commission interdit d’espérer que de tels tabous puissent même être abordés. On peut tout concéder à cette commission sauf une indépendance politique ou une volonté de rupture, l’une et l’autre largement compromises par la position institutionnelle de ses membres.
La “réconciliation nationale”, qui constitue le plus grand retournement politique, depuis l’Indépendance, n’a pas demandé autant de conciliabules nationaux. Pendant que l’islamisme profite d’actes politiques concrets, comme la libération annoncée des derniers terroristes encore emprisonnés, on veut enliser une nouvelle fois la question de la démocratie dans des pérégrinations passe-temps. étrangement, les concessions aux intégristes s’avèrent aisément concevables tandis que la moindre avancée démocratique doit forcément s’éterniser dans de byzantines négociations.
Les réformes ne viendront pas de ce côté-là où on veut les noyer.

M. H.
musthammouche@yahoo.fr

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