vendredi 20 mai 2011

Un médecin dans une cour d’école

Il aura tout essayé. D’abord, de contenir la colère des médecins en faisant appel à la police. Puis, par un vrai-faux dialogue, de désamorcer la contestation. Puis, troisième étape, des augmentations de salaire, puis de l’intoxication, non alimentaire, en invoquant un accord qui n’a pas été validé par les représentants syndicaux, et aurait même envoyé des SMS pour faire croire que la grève a été arrêtée. Où en est-il aujourd’hui ? Au stade final, celui de la menace, salariale d’abord, par des ponctions obligatoires sur salaire, et judiciaire ensuite, avec, pourquoi pas, quelques médecins en prison.

Cette interaction entre un groupe social et un responsable peut, hélas ! être généralisée à l’ensemble de la relation qui prévaut entre gouvernés et gouvernants. Les premiers veulent plus et mieux, les seconds ne veulent rien, à part maintenir le statu quo, et les dernières déclarations du ministre de la Santé n’arrangent rien, accuser les médecins d’agir pour des intérêts occultes étant une allégation dépassée, connue comme arme pour décrédibiliser un mouvement. Tout comme dire que «la récréation est terminée», croyant ainsi en finir avec cette grève en sonnant une cloche introuvable pour la reprise des cours.

Pour le ministre et pour l’ensemble du personnel politique, une grève est une récréation, un chahut de gamins qui s’amusent entre deux cours, et les Algériens, même aussi instruits qu’un médecin, sont à l’école et leurs instituteurs sont les gouvernants chargés de leur expliquer la vie. Finalement, le ministre aura eu l’effet contraire, immédiatement après ses déclarations, les médecins, se sentant touchés, ont décidé de maintenir la grève. Le ministre n’aura donc rien gagné. Par contre, s’il se considère comme un instituteur d’écoliers turbulents, il devrait réaliser que s’il touche à l’un d’entre eux, des milliers de parents d’élèves l’attendront à la sortie.

Chawki Amari

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