vendredi 20 mai 2011

Le train est en marche

Ould Abbès appréhende les révolutions arabes au point qu´il craint d´en être la victime. Médecins et étudiants ne voudraient pas moins que sa peau, à en croire ses déclarations à la presse. 122 séances de négociations n´ont pas suffi pour convaincre les médecins à cesser leur mouvement de grève. Mais n´y a-t-il vraiment pas d´autres enseignements à tirer de ces mouvements que celui de congédier un ministre? Qu´attend-on pour parler de gouvernance dans cette période de transition au Maghreb et au Moyen-Orient?

Si on ne le fait pas, et tout de suite, d´autres ne manqueront pas de sauter sur l´occasion pour nous dicter leurs recettes. En Tunisie, le train est déjà en marche. L´Institut français de coopération et l´Agence française de développement, organisent dès demain, un Forum de la société civile. Un séminaire sur la réforme de la police a aussi été organisé à l´initiative de la Fédération internationale des Ligues des droits de l´homme en association avec le syndicat des journalistes tunisiens sur un thème non dénué de connotation hautement politique. «Pour une police démocratique». En Belgique, en Italie, aux Etats-Unis et ailleurs dans le monde, les think tanks sont en action et l´Algérie est dans leur agenda.

Même Benoît XVI n´a pas hésité à recevoir hier le nouveau chef de la Ligue arabe, l´Egyptien Nabil El Arabi, élu il y a seulement trois jours, pour un entretien sur le Maghreb et le Moyen-Orient confrontés aux révolutions. Aujourd´hui, Alain Juppé déjeune avec le groupe des ambassadeurs africains à Paris. Sécurité, crises, démocratie sont au menu.

La raison essentielle qui a dicté cet intérêt est le désir de participer, à leur manière, à l´analyse du thème des révolutions arabes qui concerne aussi notre pays, comme l´attestent certains observateurs. Les pays limitrophes comme la Tunisie ou la Libye ne sont pas les seuls à être touchés, même si de nombreuses voix s´élèvent pour affirmer que le cas de l´Algérie ne se prête pas à la comparaison étant donné que le vent de la démocratie a soufflé sur cette terre depuis déjà deux décennies. Mais les blocages subsistent, comme le reconnaît le président de l´APN.

Devant cet aveu, il est légitime de s´attendre à ce que des mécanismes et des programmes susceptibles de rétablir la confiance avec le citoyen soient abordés lors des débats sur les réformes politiques. Les universitaires et les hommes politiques commencent déjà à donner leurs avis sur la question. Les échanges de points de vue permettront de mieux comprendre les enjeux de ces transformations sur les populations locales mais aussi sur les relations des pays concernés avec leurs voisins du nord de la Méditerranée ou des nations du Moyen-Orient et d´Afrique.

Il s´agit certes de pouvoir déceler les conséquences de ces transformations sur les institutions élues et sur le comportement des citoyens qui aspirent à davantage de démocratie. Il ne faut pas omettre, cependant, le fait que ces mutations ne seront pas sans effet sur les relations internationales. Sur le plan intérieur, électeurs et institutions élues ainsi que la société civile n´ont pas tardé à demander une plus grande participation à la prise de décision.

C´est l´un des moyens de contrôler l´action des institutions de l´Etat (gouvernement, Parlement et justice). Le tout devrait conduire à l´exigence d´une meilleure gouvernance et les citoyens ont hâte d´assimiler les expériences conduisant à ces réalisations. Il s´agira surtout de connaître les conditions dans lesquelles se déroulera cette transition.

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