vendredi 20 mai 2011

Négociations

A ces négociations, les syndicats et le patronat joueront sur du velours, aussi paradoxal que cela puisse paraître. La partie qui sera le plus mal à l’aise sera celle des représentants du gouvernement.

Sur fond de contestation générale dans presque tous les secteurs confondus, l’invitation du président de la République à tenir une tripartite pousse les différentes parties prenantes à ce round de négociations, à affiner leurs propositions et à fourbir leurs armes. Ce ne sera pas une rencontre comme on a l’habitude d’en voir, comme celles qui se terminent par une photo souvenir sur le perron du Palais du gouvernement.

L’environnement social n’est plus le même, les révolutions chez les voisins ne sont pas encore apaisées pour ne plus craindre la contagion, les rues de la capitale sont tous les jours occupées et les nombreux sit-in donnent le tournis aux forces de l’ordre qui ne savent plus quel quartier isoler ou quelle marche juguler. En un mot, ceux qui sont invités à cette rencontre savent ce qui en est attendu et que l’affaire ne se résume pas à apparaître au JT de 20 heures.

à ces négociations, les syndicats et le patronat joueront sur du velours, aussi paradoxal que cela puisse paraître. La partie qui sera le plus mal à l’aise sera celle des représentants du gouvernement. Ce dernier se trouve sur une corde raide qu’il a lui-même tendue et qu’il a maintenue ainsi par des restrictions à tout-va, des visions réduites et autres critiques infondées, quelquefois gratuites, contre des opérateurs qu’on voue aux gémonies, qu’on accable de tous les maux pour en faire de parfaits boucs-émissaires, en raison du simple fait qu’ils sont nationaux et entreprenants. La liberté d’entreprendre est pourtant inscrite dans la Constitution, texte fondamental du pays. à moins que l’émergence d’initiatives nouvelles dans tous les secteurs ne soit appréhendée comme une réduction du pouvoir des gouvernants. Cette absence de confiance dans les compétences nationales finira par entraîner nos dirigeants vers une putrescence de l’état dont ils seront les seuls responsables.

Même l’UGTA semble vouloir se débarrasser de ses vieux réflexes de filiale du pouvoir, et quand elle met en avant la priorité à la production nationale, d’une part, et à la préservation du pouvoir d’achat, d’autre part, elle lance un signe plutôt encourageant et cela correspond à ce que devrait être le patriotisme en matière économique et sociale.

Le patronat, lassé d’être mené en bateau le temps d’une plénière, veut aller en force à ces négociations, une force qu’il tire de sa part dans la création de richesses et d’emplois. Il reste persuadé que la réduction du chômage endémique qui sévit passera par l’entreprise et non plus par l’état qui doit remplir d’abord sa mission de régulation et de contrôle, au moyen des lois et seulement des lois. Il est aussi persuadé que son esprit d’initiative et sa conviction finiront, tôt ou tard, par orienter les bloqueurs de routes vers un avenir meilleur, ces millions de jeunes qui attendent de pouvoir donner un sens à leur vie. Et à leur algérianité.

Outoudert Abrous

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