vendredi 20 mai 2011

Strauss Kahn, le «gorille», Israël et la Libye

«Gare au gorille», chantait Georges Brassens ! Cet animal, au demeurant sympathique, est réputé pour ses performances sexuelles. Certes Strauss-Kahn, connu pour ses frasques extraconjugales, n’est pas l’animal décrit par le célèbre chanteur français. Et la jeune femme de chambre, qui s’est dit victime d’une tentative de viol, ne connaît pas Brassens ! Mais bon, comme un démon en réveille d’autres, les ennuis du directeur du FMI sont loin d’être finis. Voilà que la romancière française Tristane Banon, 31 ans, qui a raconté en 2007 sur les plateaux de la chaîne télé Paris Première, comment un homme politique français (Strauss-Kahn) avait tenté de la violer en 2002, se rappelle à son souvenir neuf ans après les faits !

Curieux ! En bref, si les accusations contre le patron du FMI se confirmaient, c’en serait fini pour celui qui était présenté comme l’homme le plus puissant de la planète. Aujourd’hui, il est en prison. Triste pour ses amis socialistes, choqués par l’image d’un présidentiable menotté comme un vulgaire malfrat. La France est de fait humiliée. Au regard de Washington, on le savait déjà, elle pèse peu. Pendant que cette affaire de viol mobilise les milieux médiatiques et politiques de la planète, l’armée israélienne ouvrait le feu sur des Palestiniens commémorant la Nakba, date de la création d’Israël. Dix ont été tués à la frontière séparant le Liban d’Israël. Quatre autres ont été tués par balles sur le Golan syrien. Plusieurs dizaines ont été blessés par balles et éclats d’obus à Ghaza. Comme à son habitude, Washington a appelé son allié israélien à la «retenue» ! Les pays arabes n’ont rien dit et les capitales occidentales – faut-il s’en étonner ? – aucune capitale occidentale n’a condamné le carnage commis par Israël sur des personnes qui manifestaient sans armes sur des territoires – le Liban et la Syrie – qui ne sont pas sous administration israélienne.

Ce carnage commis par les forces israéliennes a fait la «Une» de nombreux médias arabes. Mais bon, dans d’autres circonstances, un tel crime, car c’en est un, aurait scandalisé l’opinion internationale. Il se trouve qu’Israël n’a pas tué plus de personnes que ne le font actuellement certains régimes arabes contre leurs propres peuples. Comment expliquer par exemple que le régime de Bachar Al-Assad autorise pour la première fois des Palestiniens à manifester dans le Golan alors que, par ailleurs, il fait tirer sur ses administrés qui demandent une démocratisation de la société. Même cas de figure au Yémen, où les protestataires sont réprimés dans le sang par le pouvoir d’Ali Abdallah Saleh ! Faut-il rappeler l’intervention militaro-policière saoudienne soutenue par les autres monarchies du Golfe pour sauver le régime de Bahreïn, alors que ces mêmes monarchies exigent le départ de Kadhafi ? Venons-en à la Libye.

Non pour défendre un régime indéfendable sur le fond et la forme comme l’a fait ce dirigeant du FLN qui s’est rendu à Tripoli soutenir le pouvoir de Kadhafi, accréditant ainsi par son geste un soutien de l’Algérie à l’autocrate libyen, mais pour souligner combien la poursuite de cette guerre civile constitue à terme une menace pour l’Algérie. Je suis stupéfait de lire et d’entendre en Algérie des nationaux appuyer l’intervention de l’Otan en Libye. Soyons clairs, la solidarité avec le peuple libyen pour en finir avec une dictature sanguinaire ne doit pas nous aveugler au point d’ignorer que l’Otan, bras armé de l’Occident, n’est pas une armée de libération nationale.

Une fois le régime libyen abattu, l’Otan va s’installer durablement en Libye sous prétexte d’assurer la sécurité et la stabilité indispensables pour que la transition démocratique réussisse. A partir de là, rien ne peut l’empêcher de prétexter de la menace que fait peser l’Aqmi dans la région pour élargir sa mission au Sahel et pourquoi pas dans le Sud algérien. Washington le fait déjà au Pakistan, il peut le faire en Algérie. Il y a deux ans à peine, la Maison Blanche cherchait un pays maghrébin pour installer l’Africom, cette sorte d’Otan destinée à sécuriser le continent africain. Ce sera sans doute la Libye «libérée» qui accueillera cette force ! Bonjour les dégâts !

Par Hassane Zerrouky

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