vendredi 20 mai 2011

On ne fait pas du tourisme avec du leben

Hier, s’est ouvert le salon du tourisme et des voyages (Sitev) et cette activité est à inscrire au palmarès des innombrables colloques, séminaires, expos et autres manifestations qu’arborent au fronton de leur bilan annuel les responsables, locaux et centraux, du secteur. Certes, la tentation à laquelle il faut se garder de succomber est celle de ressasser l’éternel constat sur l’état, pas reluisant du tout, du tourisme en Algérie mais il reste des évidences dont la mise sous embargo tient au mieux de la complaisance, au pire du mensonge par omission.


Asséner à longueur d’année l’annonce de projets hyper ambitieux, avec leur lot de nombre d’hôtels et de lits et répéter avec insistance «la nécessité de promouvoir la destination Algérie» n’a pour le moment reçu aucun écho de la part du véritable et seul étalon de mesure, le nombre de touristes étrangers séjournant dans notre pays. La situation sécuritaire, nettement améliorée, ne constitue plus cet épouvantail qui rebutait l’intention même de lorgner du côté de chez nous, les atouts naturels comptent parmi les plus beaux de la région et la volonté politique de réhabiliter le secteur n’est pas en reste.


Donc où se situe la panne ? A la fois nulle part et partout, mais dans cette formule galvaudée, force est d’opter pour la deuxième partie, à savoir au niveau de l’approche générale, dans la culture est-on tenté d’ajouter. Autrement dit, une question de mentalité, et pas seulement celle des citoyens. Lorsque les pouvoirs publics ne réagissent presque pas lorsque des énergumènes s’attaquent à un des rares lieux du tourisme en Algérie, qui accueille tous ceux qui préfèrent le tourisme local, notamment les familles, ce lieu étant Tichy, c’est le tapis rouge déroulé devant des «descentes punitives» similaires.


D’ailleurs, quelques jours plus tard, il y a eu récidive dans les mêmes environs. Pense-t-on sérieusement accueillir les touristes étrangers, donc occidentaux, en continuant à fermer les bars dans la capitale, là où un étranger passe nécessairement, non pas pour s’enivrer mais juste pour se dé-saltérer ? Pense-t-on sérieusement ériger un tourisme qui fasse concurrence à nos voisins en fermant les lieux de loisir, notamment ceux nocturnes, alors que le loisir est le carburant et la pulsion première du touriste. On ne fait pas du tourisme avec du leben, messieurs les responsables du tourisme. Lorsque les lieux de vacances potentiels deviennent des repoussoirs même pour les Algériens, il est permis de douter que les étrangers soient assez masochistes pour s’enthousiasmer en faveur de la «destination Algérie».


N.S.

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