vendredi 20 mai 2011

Le tourisme, version slogans

Il n’est un secret pour personne que le tourisme algérien n’est pas compétitif devant ceux des voisins. Ce n’est pourtant pas le potentiel qui manque pour une véritable industrie du tourisme. Mais plutôt l’absence d’une politique de mise en valeur des atouts du pays. Si le tourisme algérien n’arrive pas à rivaliser avec ceux de la Tunisie, du Maroc et de l’Egypte - trois pays en pleine incertitude politique et sécuritaire -, c’est que «la destination Algérie» est un véritable mensonge.

Cela a été vérifié au mois d’avril dernier à l’occasion du salon «Siaha 2011» qu’avait abrité la ville d’Oran. Le rendez-vous a été marqué par un forcing des opérateurs tunisiens, venus jouer la carte de rattrapage d’un tourisme mis à rude épreuve par un contexte politique d’une transition ouverte à tous les scénarios. Les Tunisiens savaient, par exemple, que 78 000 Algériens se sont rendus en Tunisie entre le 1er janvier et le 30 mars 2011.

Un chiffre bien maigre par rapport à ceux des saisons précédentes. Cela ne les a pas empêchés de se fixer des objectifs chiffrés. Ils s’attendent à recevoir 350 000 touristes algériens entre juin et juillet. Cet objectif peut être raté. Il a cependant le mérite d’être affiché et détaillé. Un mode de travail qu’on ne trouve pas chez les responsables du secteur en Algérie. Chez nous, on vend des slogans.La 12ème édition du Salon international du tourisme et des voyages (Sitev 2011), inaugurée hier à Alger, a eu son slogan pompeux.

Le salon est organisé sous le thème «la promotion touristique des régions». L’édition de 2010 a été labellisée «le développement du tourisme national et son impact sur la promotion du tourisme international». On a ainsi du mal à déceler une connexion, sinon une quelconque continuité, entre les deux rendez-vous censés devoir mener vers un même objectif. Il s’agit en réalité d’une succession de mensonges.Sans le mensonge des officiels et l’aveuglement des rentiers, il est loisible de constater qu’aucun élément n’indique que la supposée politique nationale de tourisme est susceptible de réussir aussi bien pour le tourisme local que pour l’attractivité des étrangers.

Même pour une échéance lointaine puisque le gouvernement nous parle de 2025 tout en ignorant de quoi sera fait l’été 2011.Prenant goût au «tourisme des mots», les organisateurs de la présente édition du Sitev nous rappellent les cinq «dynamiques» du Schéma directeur de l’aménagement touristique (Sdat). Il s’agit de la promotion de l’image, du plan qualité tourisme, de la transversalité, du financement et de l’investissement. Faute de politique sectorielle qui tiendrait compte des atouts multiples du pays, on «bâtit» une succession de slogans pour un tourisme inexistant.

Par Amirouche Yazid

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