Le logement demeure au cœur de la grogne sociale et le catalyseur de fortes poussées de fièvre qui, malheureusement, entraînent des saccages, font des blessés et amènent à des arrestations. Les résultats cumulés qui s’alimentent les uns les autres travaillent à creuser encore plus le fossé entre les élus, l’administration, d’un côté et les Algériens de l’autre. Il ne s’agit en aucune façon de «complots ourdis», de «voyous à l’ouvrage» ou d’une autre fuite en avant. La crise du logement est réelle. Le nombre de bidonvilles qui encerclent les villes est bien réel. Les pauvres existent en grand nombre dans le pays. Le dire, c’est déjà amorcer un dialogue entre adultes.
Ce qui facilite les explosions sociales, les grèves ou les tentatives de marches est connu parfaitement.
Les passerelles entre des citoyens non logés ou bien honteusement «autorisés» à survivre dans un bidonville, une cave ou dans un trou quelconque, ne sont pas les mêmes en Algérie et dans une démocratie «normale». Le maire et l’administration de proximité ne sont pas crédibles aux yeux des gens et surtout parce qu’ils n’ont ni pouvoir ni moyens et très souvent peu de légitimité. Les maires affirment à qui veut l’entendre qu’ils ne peuvent rien pour l’emploi, le logement, le transport, l’école, etc. Alors, il faudrait introduire dans les futurs codes des maires qui ont les moyens et qui le peuvent, forts d’une victoire électorale indiscutable. Sinon, les mêmes causes produiront les mêmes effets, partout.
La dernière décision prise en matière de logement est venue in extremis corriger «la pulsion» aberrante qui n’accordait de crédit immobilier qu’aux seuls fonctionnaires. On avait ainsi légalisé deux collèges. Le premier serait garni de ceux qui travaillent «pour et chez l’Etat» et le second regroupait tout le reste. Comment faire mieux pour créer des fractures explosives entre Algériens, entre l’Etat et la société ? Difficile à faire. Corrigés, les crédits immobiliers à 1% concernent désormais tous les citoyens qui veulent contracter un prêt pour se loger. Et c’est une décision à saluer car elle fédère les emprunteurs au lieu de les diviser.
Cependant, les meilleures décisions sur le papier, l’annonce de programmes et de longues listes de projets, si elles sont nécessaires et participent de l’information propre à l’Exécutif, ne sont nullement suffisantes dans le climat actuel. Ebahis par l’énormité des scandales financiers, déroutés par la libre pratique du week-end, choqués par le coût de la vie, l’anarchie des transports, les inondations désormais attendues à la moindre averse, entassés dans des favelas «intouchables» parce qu’elles seraient politiquement difficiles à éradiquer faute des logements desquels seraient interdits les F1 et F2, les Algériens sont mûrs pour des changements.
Ils le sont et espèrent une autre gouvernance, une communication audiovisuelle honnête, proche de ceux d’en bas, des élus légitimes, compétents et riches en moyens comme le sont ceux des villes d’Europe, des Etats-Unis, du Japon, des pays scandinaves, etc. Toutes les réformes qui ne seront pas rentables du jour au lendemain, bien explicitées dans la transparence seraient assurément acceptées et accompagnées par les jeunes. Mais qui va parler aux jeunes ?
Par Abdou B.
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