Par un étrange renversement de situation dont seul le système politique algérien a le secret, un islamiste, Bouguerra Soltani, est accusé d’avoir torturé un militaire, Nouar Abdelmalek, ce dernier ayant été accusé d’avoir confectionné un dossier impliquant le ministre dans une affaire de recrutement en Afghanistan.
On connaissait le cas de militaires accusés d’avoir torturé des islamistes, et ils sont nombreux, mais le cas inverse est assez rare, notamment à l’époque où les faits remontent, entre 2001 et 2005, où la réconciliation n’était officiellement pas encore mise en application. En attendant le dénouement de cette nouvelle affaire d’un Algérien torturé par l’Etat algérien, on peut s’étonner (ou pas) qu’il y ait autant de personnalités politiques algériennes au pouvoir poursuivies par les justices internationales pour des crimes commis dans leur pays.
Pour M. Soltani et comme les autres avant lui, le même schéma s’est mis en place : crime, plainte puis fuite organisée de l’accusé vers son pays. Comme des délinquants, un nombre important de dirigeants algériens sont recherchés partout sauf chez eux, paradis fiscal et asile politique géant pour justiciables, ce qui en dit long sur la nature du régime qui gouverne le pays et sur ses méthodes.
Juste une précision dans l’affaire Nouar Abdelmalek. Ce militaire a été emmené à la brigade de gendarmerie de Beni Messous où il a été torturé, puis au centre de la police de Châteauneuf où il a encore été torturé, sous la supervision de M. Soltani, selon l’accusation, en qualité de chef d’un parti politique au pouvoir.
Dans cette triste affaire, les islamistes, les gendarmes et les policiers ont donc concouru à torturer un militaire. Le monde à l’envers ? Non, le monde tout court d’une Algérie qui marche sur la tête et torture ses enfants, paradoxalement pour ne pas que la vérité soit avouée.
Par Chawki Amari
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